Saturday, January 10, 2009

Un dur hiver

Le trajet de 15 heures en avion de Doha au Qatar à New York ne m’a étonnamment pas paru long. Je dois admettre que de voyager en classe affaires y était pour quelque chose. Je réalise à quel point on s’adapte vite au confort. Bien que la crise financière mondiale n’épargne pas le Qatar, il reste que la richesse du pays est bien au-delà de la moyenne internationale. Entre la luxueuse villa de l’hôtel du Quatre Saisons où on me loge et mon transport assuré quotidiennement dans une belle BMW de l’année, j’ai l’impression de vivre dans un autre monde, totalement irréel.

Mais mon retour à Denver a vite fait de me sortir de cette bulle. Un de nos amis ingénieurs, dont les projets ont été annulés, s’est vu forcer de devenir chauffeur de taxi pour joindre les deux bouts. Les deux voisins d’origines hispaniques ont perdu leur emploi et s’en sont retournés au Mexique pour les mois d’hiver espérant y trouver un moyen de gagner quelques sous. Pourtant, ils avaient quitté leur pays d’origine dans l’espoir contraire.

La dizaine de grues qui meublaient le paysage du centre ville se sont arrêtées depuis quelques semaines déjà. Les projets de condominium restent vacants et les constructeurs ont reçu l’ordre de cesser les nouveaux développements. La valeur des maisons continue de chuter et les propriétés restent sur le marché, sans acheteurs en vue.

De retour à New York la veille du Jour de l’an, les magasins huppés de la 5e avenue se disputent les centaines de personnes en quête de grosses aubaines. Dans les vitrines, les enseignes annoncent des ventes allant jusqu’à 75%. Même les citoyens mieux nantis sont en mode panique ou tout au moins très inquiets. Times Square vibrait tout de même à la venue de la nouvelle année, mais la plupart des restaurants et des bars ont fermé tôt. Ce n’est pas seulement la clientèle qui manquait, mais l’esprit à la fête. De loin, on comprend que les Américains sont touchés par la crise économique, mais on ne se doute pas de la gravité de la situation.

Mon travail m’amènera encore en Europe et au Moyen Orient au cours des six prochains mois. Me voilà d’ailleurs déjà à l’aéroport JFK. En attendant mon vol, je jette un rapide coup d’œil à mes courriels. J’y lis que je devrai prendre un taxi pour me rendre non pas à l’hôtel, mais à un appartement plus modeste. Il me semblait bien aussi!


Catherine Cano
Canovision

No comments: