Sunday, November 2, 2008

De Denver à Doha

Il fait plus chaud qu’à Denver, le soleil brille encore plus fort et pourtant sur mon écran de télévision d’où je travaille, le réseau anglais d’Al Jazeera diffuse des extraits d’un discours d’Obama devant plus de cent milles personnes justement à Denver, au Colorado. Il faut bien être à l’autre bout du monde pour soudainement avoir le sentiment qu’en fait, la distance n’a aucun impact sur le sentiment d’urgence et l’importance que revêt indéniablement l’élection américaine. « Cent milles personnes! », s’exclame l’animatrice, « c’est la plus grande foule que le candidat démocrate à la présidence ait attirée depuis le début de cette campagne », poursuit-elle. Pour un moment, j’avoue que je me serais bien retrouvée là-bas.

Ma route professionnelle m’a récemment amenée de Denver, à Montréal, à New York, à Paris et enfin à Doha, la capitale du Qatar, au cœur des pays arables. Ma résidence d’accueil se situe sur les bords du golfe persique. À l’horizon, c’est l’Iran, au Nord le Kuwait et l’Iraq, au Sud l’Arabie Saoudite. Un coin névralgique en cette année électorale américaine.

Et ici, comme ailleurs dans le monde, le principal sujet de discussions est l’espoir d’une victoire de Barack Obama à la tête des États-Unis. Le souhait de voir ce dernier l’emporter repose sur des raisons bien profondes : son ouverture aux cultures, sa volonté d’écouter, de bien comprendre la complexité des enjeux et son désir de prôner des résolutions pacifistes. Cette approche rassure les parties du monde qui vivent sous les bombardements et les attaques en Afghanistan et en Iraq. Elle rassure aussi celles qui luttent contre des dictatures, que ce soit les milliers de congolais forcés de fuir leur village devant la violence et la terreur, ou les citoyens du Zimbabwe torturés à l’extrême parce qu’ils n’ont pas voté pour Mugabe. De la fragilité des situations comme celle en Georgie, aux crises humanitaires, à la catastrophe financière mondiale, la planète a un réel besoin de leadership et de sagesse.

Mais la communauté internationale reste inquiète et incertaine du choix que posera l’électorat américain et compte les heures jusqu’au dévoilement du scrutin. Les grands réseaux de télévision et les organismes de presse ont mis toute leur machine multimédia pour la couverture de la soirée. La BBC, Aljazeera et CNN Internationale présenteront des émissions spéciales de plus d’une douzaine d’heures commençant aux petites heures de matin. Ici, à Doha, on devra se lever à une heure de la nuit pour voir les premiers résultats.

Plusieurs prédisent qu’il faudra attendre les données de l’Ouest et particulièrement du Nevada, du Nouveau Mexique et du Colorado. Chose certaine, il est clair que cette élection si importante pour les Américains, l’est encore davantage pour le reste du monde.

Catherine Cano
Canovision

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