Monday, March 31, 2008

Une impatience injustifiée

Tour à tour, les démocrates s’impatientent. Les Sénateurs Patrick Leahy et Chris Dodd, tous deux des partisans de Barack Obama, demandent à Hillary Clinton de se retirer de la course. Howard Dean, le président du parti démocrate exige que le choix du candidat gagnant soit fait avant le 1er juillet, d’autres parlent de juin au plus tard. Bref, plusieurs démocrates disent s’inquiéter de la durée de cette lutte à l’investiture. Plus elle est longue, pense-t-on, plus elle sera négative pour l’un ou l’autre des candidats, plus le parti et les partisans seront divisés, et plus le victorieux ou la victorieuse aura de la difficulté à affronter John McCain et les Républicains.

En fait, la course est longue pour les artisans et les fervents partisans, mais pas pour la majorité des citoyens, qui eux, ne la suivent guère. À preuve, en me promenant au plus gros super marché de Denver, King Soopers, je me suis permise de m'adresser à une vingtaine de personnes pour leur demander ce qu’ils pensaient de la campagne électorale et de la bataille entre Hillary et Obama. Mon petit sondage, non scientifique, n’a pas duré très longtemps et m’a bien vite rappelé que l’élection n’a pas encore atteint le citoyen moyen, trop occupé à joindre les deux bouts. Ceux qui ont accepté de me répondre me répétaient que l’élection n'était que dans sept mois et ils considéraient avoir encore beaucoup de temps pour s’y intéresser. Mais la plupart ont haussé les épaules et m’ont regardé d’un air plutôt incrédule. Et j'ai alors compris qu'il était temps de sortir de ma bulle électorale et de remettre les pieds sur terre parmi le vrai monde.

Il faut admettre que le Colorado a déjà eu la chance de voter pour le prochain candidat à la présidence. Les citoyens de la Pennsylvanie sont plus attentifs à la course parce que pour la première fois depuis bien longtemps, leurs votes compteront. Et pour cette raison, il serait prématuré de forcer Mme Clinton à abandonner son rêve. Après tout, la saison des primaires se termine dans deux mois ce qui permettra à tous les États de participer au processus de sélection ; tous sauf peut-être la Floride et le Michigan dont le sort final n’est pas encore connu.

De fait, les démocrates n’ont pas besoin de demander le départ de Mme Clinton. Cette dernière fatiguée, multiplie les erreurs et sa campagne est à bout de souffle, d’argent et d’options. Ses attaques, même celles jugées négatives, semblent renforcer la candidature de son rival plutôt que de lui nuire. Selon les derniers sondages, elle détient encore une importante avance en Pennsylvanie. Par contre, il lui faut arracher plus de 65 % du vote dans les dix prochaines et dernières primaires, si elle espère dépasser le nombre de delégués affiliés au Sénateur de l'Illinois.

Cela dit, rien n'est impossible. Mais à moins d'une erreur majeure, Obama sortira vainqueur de ce marathon. Reconnu pour sa qualité de rassembleur, il saura unir le parti et convaincre tous les démocrates du bien fondé de son appel au changement.

Quant à John McCain, son discours vide de solutions face à la récession et son pari de miser sur un succès en Iraq, auront vite montré la limite de ses connaissances et son manque de réalisme et de jugement malgré sa grande expérience des affaires militaires. Obama devrait être en mesure, là encore, de dégonfler le ballon d’une candidature arrivée huit ans trop tard.

Je donne donc raison à Bill Clinton : « Chill out » a-t-il dit aux démocrates en fin de semaine. Les démocrates peuvent se calmer un peu, « the end is near ».

Catherine Cano - Canovision

Friday, March 28, 2008

Les démocrates déçus ne voteront pas pour McCain, mais pourraient s'abstenir

Un récent sondage parrainé par le Wall Street Journal et NBC News révélait qu’entre 20 et 28 pourcent des partisans démocrates voteraient pour John McCain si leur candidate Hillary Clinton ou leur candidat Barack Obama ne remportait pas la nomination du parti démocrate.

En parlant à nouveau aux gens que j’ai rencontrés à travers le pays depuis le début de cette campagne, je ne reçois pas le même son de cloche. Joanne de San Francisco me dit que si Hillary ne l’emporte pas, elle n’hésitera pas à voter pour Obama. Mêmes réactions de Greg qui habite Evergreen au Colorado ou Sylvio résident de Manchester au New Hampshire ou encore de Cathy, ma coiffeuse. « Choisir John McCain serait une erreur car nous ne ferions que légitimer les années Bush et prolonger des politiques qui se sont avérées catastrophiques pour le pays. C’est tout simplement impensable ».

Par contre, ce qui n’est pas impensable, c’est que certains citoyens démocrates soient suffisamment déçus, particulièrement les partisans d’Obama, pour choisir de rester à la maison le jour du vote. Pour certains d’entre eux, Hillary Clinton est aussi une prolongation de Georges W. Bush, non dans ses politiques, mais dans son approche manipulatrice et dans son manque de transparence. Nous n’avons qu’à penser à la campagne négative qu’elle continue de mener. Encore cette semaine, elle ramenait la question raciale sur le tapis en rappelant les propos incendaires tenus par le pasteur d’Obama, le Révérend Wright, contre le pays et les Blancs. Ou encore à ses fausses déclarations concernant un voyage en Bosnie avec sa fille au cours duquel elle aurait été forcée de prendre refuge pour éviter les feux d’artilleries. La vidéo de ce voyage montre pourtant une situation bien différente. Mme Clinton a été accueillie dans une atmosphère très calme par une jeune fille de huit ans qui lui a même lu un poème. Cette fausse déclaration que certains qualifient de mensonge pur et simple, montre encore une fois l’esprit calculateur de Mme Clinton qui semble prête à tout, même à déformer la vérité.

Nicole, ancienne collaboratrice de Mme Clinton et maintenant professeure à Baltimore, concède que ce sera difficile si Hillary devient la représentante démocrate. « Je suis tellement déçue de son attitude, que je ne pourrais pas me convaincre de voter pour elle. Je préfère rester chez-moi. » Affirmation à laquelle j'ajoute: « Et même si cela signifie qu’un autre républicain s’empare de la Maison Blanche pour les quatre prochaines années ? » « Oui », me répond-t-elle. « Je travaillerai pour Obama en 2012 ». Et son mari Scott pense la même chose.

J’ai bien de la difficulté à croire qu’après les années de Georges W. Bush, les démocrates décideront de passer leur tour. Même si certaines des politiques de John McCain sont plus centristes, ses priorités vont à l’encontre de celles des électeurs démocrates et de la majorité des indépendants. Des deux enjeux les plus importants, la crise économique et celle en Iraq, il admet s’y connaître peu en matière économique et propose de prolonger l’implication américaine en Iraq, où là aussi, la crise ne fera qu’empirer. Malgré la décevante campagne d’Hillary Clinton, il n’en demeure pas moins que son programme et ses politiques sont dès plus valables. Les démocrates n’auront donc aucune excuse pour justifier une abstention de leur obligation civique.

Catherine Cano - Canovision

Sunday, March 23, 2008

Un test pour les Américains

Jamais autant d’Américains se seront intéressés avec une telle ferveur à une campagne électorale. Le processus des primaires et des caucus par lesquels des millions de citoyens choisissent le prochain chef des deux partis politiques n’a jamais eu un tel sens et un tel impact.

Pendant que les Canadiens attendent encore les signes du printemps, ici à Denver, les quelques deux centimètres tombés hier soir ont déjà fondu sous le chaud soleil des Rocheuses. En ce matin de Pâques, mes premières jonquilles sont sorties et des passants me font aimablement remarquer. « Nice garden ! ». Et alors que je me retourne avec un sourire, l'un d'eux ajoute : « il fait tellement plus beau ici que dans l’est du pays. » « Oui » et encouragée par leur gentillesse j'ajoute : « ils ont encore des bancs de neige hauts comme la maison à Montréal et à Ottawa ». « Ah, vous êtes canadienne ? » et sans que j'aie eu le temps d’acquiescer, le passant poursuit : « Est-ce que c’est vrai que les Canadiens souhaitent l’élection de Barack Obama? On pourrait les invités à voter aux prochaines élections si c’est le cas? »

Je me demande encore comment ils ont pu savoir que je suivais la campagne, mais il n’en fallait pas autant pour susciter mon intérêt. Au même moment, mes voisins Suzanne et David, deux partisans d’Obama, sortent sur leur balcon. Ils ont entendu la dernière intervention du passant et sans se faire prier, ils se joignent à la conversation. « Oui, ce serait bien que les Canadiens puissent voter car ils ne sont pas racistes eux, n’est-ce pas? »

Suzanne me regarde ensuite d’un air inquiet et ajoute : « You know Catherine, on a peur que les Américains ne soient pas prêts à appuyer un candidat Noir. Les démocrates oui, mais pas le reste du pays. » Et c’est la question que tous se posent depuis le début de cette course. Combien d’électeurs gardent des préjugés défavorables face à la communauté noire ? Il y a quelques jours, Barack Obama a bien tenté de percer l’abcès avec un discours éloquent sur la question raciale. Sans hésiter, utilisant des exemples concrets d’attitudes communes des Blancs vis-à-vis des Noirs et inversement, il a relevé le malaise et les craintes de tous face au fond de racisme qui demeure encore aujourd’hui une réalité.

Avec une franchise hors du commun, le candidat a livré un long plaidoyer en faveur de l'unification du pays afin d'en arriver à mettre de côté les a priori, à construire avec la force des différences de cultures plutôt que de chercher à s’isoler dans de fausses croyances et de demeurer divisés. Un discours rassembleur en somme qui a mérité les éloges de la majorité de la presse et des analystes américains.

Barack Obama, qui tentait par tous les moyens de transcender le facteur racial, n’a eu d’autres choix que d’y faire front. Par la même occasion, il force les Américains, et les démocrates en premier lieu, à poser les jalons d’une réflexion beaucoup plus profonde et honnête face à leurs propres valeurs. Les électeurs démocrates doivent déterminer quel message ils souhaitent lancer à tous les Américains, et ces derniers doivent décider quel message ils enverront ensuite au monde entier. Est-ce que la société américaine est prête à franchir ce pas, celui qui, tout en reconnaissant les blessures du passé, lui permettrait de commencer sa guérison. Cette élection constitue un point tournant et un véritable test dans l’histoire remarquable de ce grand pays.

Catherine Cano - Canovision

Sunday, March 16, 2008

Dans les faits, Obama a gagné le Texas

Les journalistes et analystes ont beaucoup parlé de la victoire significative d’Hillary Clinton au Texas. Une lectrice m’a dûment signalé que dans les faits, c’est le Sénateur Barack Obama qui a remporté cet État. Vous vous souvenez, le Texas tenait à la fois une primaire et des caucus. Le deux-tiers des délégués était sélectionné par un simple vote (la primaire) et le tiers restant était choisi aux caucus, ces petites assemblées d’électeurs tenues immédiatement après la primaire le 4 mars dernier.

Mme Clinton a gagné les primaires en remportant de 51% à 47% des votes, ce qui ajoutait 65 délégués de plus comparativement à Obama qui en récoltait presqu' autant avec ses 61 délégués. Par contre, et ce après une longue procédure et un compte qui a tardé à venir, le sénateur de l’Illinois a raflé les caucus avec 56% contre 44% pour Hillary. Amassant ainsi 38 délégués contre 29 pour sa rivale. Or, si vous additionnez le nombre de délégués obtenus lors de la primaire et des caucus, Barack Obama a remporté au total 99 délégués et Hillary Clinton 94.

Dans les faits, le jeune sénateur n’a pas été défait au Texas. Au contraire, et malgré ce qu’en rapportent les médias, il en est sorti vainqueur. Mais Obama n’est pas au bout de ses peines. L’organisation Clinton, inquiète de ces résultats, a demandé au parti démocrate du Texas de vérifier chacune des signatures des participants aux caucus afin de s’assurer qu’il n’y a pas eu fraude.

Il ne faudrait pas se surprendre si l’équipe Clinton tente d’invalider les résultats des caucus, et peut-être pas seulement au Texas. À court de temps, elle a clairement indiqué son intention d’utiliser toutes les mesures possibles pour freiner l’adversaire.

Catherine Cano - Canovision

Tuesday, March 11, 2008

Victoire sur fond d'inquiétudes

Barack Obama remporte largement le vote dans l’État du Mississippi, 60% contre 38% pour Hillary Clinton. Cette victoire annoncée du grand gagnant s’est matérialisée en grande partie grâce au vote de la plus importante communauté noire au pays qui l’a incontestablement appuyé à 90%.

Mais cette longue course prend une tournure inquiétante pour la campagne d’Obama. Les électeurs Blancs lui ont été beaucoup moins favorables puisqu’il n’a récolté que 25% de leurs votes. Est-ce que cette investiture est en train de diviser les partisans démocrates sur la question raciale ?

Chose certaine, la semaine a bien mal commencé avec la déclaration de Géraldine Ferraro, première femme candidate à la vice-présidence en 1984, également membre de la campagne d’Hillary Clinton. Dans une entrevue accordée à un journal de la Californie, elle a affirmé que la raison pour laquelle Barack Obama s'est rendu si loin dans la course, se résume tout simplement au fait qu’il est Noir. Le principal intéressé n’a pas hésité à dénoncer les propos jugés racistes de Mme Ferraro. Mme Clinton s’est dit en désaccord avec cette dernière, mais refuse de lui demander de quitter son poste. En fait, la directrice de campagne d’Hillary, une Noire, est même allée plus loin accusant le Sénateur de l’Illinois de profiter de l’occasion pour soulever la question raciale et d'en faire un enjeu de la campagne.

Bien que dans les coulisses, l’équipe Clinton se défende d’avoir orchestré une telle sortie, cette tactique pourrait être efficace et nuire aux chances d’Obama. Après tout, est-ce que les Américains sont prêts à élire un Président Noir ? C’est la question à laquelle personne n’a de réponse précise. Et même si l’entière communauté noire des États-Unis unissait toutes ses forces en faveur de Barack Obama , elle ne représente tout de même que 13% de la population américaine.

Jusqu'à présent, le jeune candidat à la présidence a refusé d'associer sa candidature à la couleur de sa peau. Cette approche lui a permis de parcourir un bon bout de chemin en remportant vingt-six États depuis le début de cette course contre quatorze pour sa rivale Hillary Clinton. Il détient une avance de 600,000 voix du vote populaire et mène par plus de cent délégués. Mais la route est encore bien longue jusqu’à la prochaine primaire du 22 avril prochain en Pennsylvanie ; un État composé à 86 % de Blancs, là où Hillary a bien l’intention de jouer le tout pour le tout.

D'autres résultats au Mississippi :
- 39% des indépendants ont choisi Obama
- 35% des étudiants gradués ont aussi voté pour Obama
- L’économie est l’enjeu le plus important
- 55% croient qu’Obama est plus en mesure de régler les problèmes économiques
- 59% croient que la publicité négative de la campagne de Clinton est une mauvaise idée

Catherine Cano - Canovision

Monday, March 10, 2008

Primaires au Mississippi

Quelques renseignements sur l'État du Mississippi et les primaires du mardi 11 mars. C'est un État républicain qui n'a pas voté pour un Président démocrate depuis 32 ans. Trente-trois délégués sont en jeu et le taux de participation à l'élection d'aujourd'hui pourrait atteindre 125,000 à 150,000 électeurs, soit une augmentation de 25% à 50% comparativement aux primaires de 2004.

Derniers sondages :
- 10 mars : Clinton 38 % et Obama 54%
Population :
État du centre-sud-est des États-Unis, le Mississippi compte trois millions d'habitants. Il est composé de Blancs à 61% et la communauté noire est de 37%, soit la plus importante au pays.
Enjeux :
Les enjeux importants pour cette population sont la guerre en Iraq, le système de soins de santé et la reconstruction des villes touchées par les ouragans Katrina et Rita d'il y a deux ans.
Favori :
Le Sénateur de l'Illinois, Barack Obama, est le favori pour remporter ces primaires.

Trois suggestions

Je vous propose trois entrevues ou articles récents sur les candidats à la présidence américaine :


1) Entrevue avec John McCain à l'émission "60 minutes" au réseau CBS, dimanche le 9 mars 2007 http://www.cbsnews.com/sections/60minutes/main3415.shtml

2) Hillary Clinton et les difficultés internes de sa campagne. Article du New York Times, lundi 10 mars 2007 http://www.nytimes.com/2008/03/10/us/politics/10clinton.html?ref=politics

3) L'expérience de Barack Obama. Article du New York Times, dimanche 9 mars 2007
http://www.nytimes.com/2008/03/09/us/politics/09obama.html?ref=politics

Saturday, March 8, 2008

La Journée de la femme

On connait le Wyoming pour ses fameux parcs nationaux tels le Grand Teton et Yellowstone. Lieu de naissance de la plus grande célébrité de l’état, le vice-président Dick Cheney, le Wyoming est à ne pas s’y méprendre, très républicain.

Mais à voir ce qui s’y passe cette semaine, on croirait que tous les Démocrates sont sortis de leur tanière pour être témoins du plus grand cirque en ville. Hillary Clinton qui avait choisi d’ignorer les petits états en jeu depuis le début de cette course, a d’abord dépêché son mari Bill et sa fille Chelsey et puis, est elle-même venue se jeter dans la mêlée. Non seulement espère-t-elle faire bonne figure ce soir lors des Caucus, mais elle souhaite enfoncer le clou de son retour et ébranler sérieusement son rival Barack Obama.

Son souhait sera peut-être exaucé puisque le Wyoming, bien que très conservateur, a été le premier état où les femmes ont eu le droit de vote au pays. Et puis, on verra bien si la campagne négative que mène Mme Clinton portera fruit ; surtout dans un état à 94.5% composé de Blancs parmi lesquels plusieurs croient dorénavant que le Sénateur de l’Illinois est né en Afrique et est musulman.

Cette campagne négative a certainement atteint le summum de l’inacceptable cette semaine. D’abord lors d’une entrevue à l’émission « 60 minutes » de CBS, le journaliste a demandé à Mme Clinton si elle croit qu’Obama est musulman. Sa réponse fut la suivante : « No, no why would I? No, there is nothing to based that on. As far as I know. » En ajoutant ces derniers mots qui signifient « en autant que je sache », Mme Clinton sème le doute et la confusion dans l’esprit des Américains.

Mais elle pousse l'audacité encore plus loin en suggérant aux électeurs de choisir John McCain, un Républicain, comme président plutôt que Barak Obama. Comment peut-elle proposer aux citoyens du pays, qui souhaitent une fin à la guerre en Iraq, un rétablissement de l’économie et une réforme du système de santé -- de croire que les politiques du Républicain McCain sont plus viables que celles de son adversaire démocrate ! De son propre aveu John McCain a admis qu’il n’y connaissait pas grand-chose en économie, qu’il prévoit que la présence des troupes américaines sera de longue durée en Iraq et qu’il n’a aucune intention d’apporter des changements au système de santé. C'est vrai que John McCain rejoint plusieurs indépendants par ses positions moins à droite, mais je crois que Mme Clinton vient de créer un sérieux précédent qui risque de nuire fortement aux chances des Démocrates en novembre.

J’aurais tant voulu qu’Hillary Clinton présente une candidature honnête et intègre. Et en cette journée de la femme, j’aurais tant aimé célébrer avec elle.

Catherine Cano - Canovision

Tuesday, March 4, 2008

Yo soy tu chica - Au pays d'Hillary

Yo Soy tu chica, est le message d’Hillary Clinton aux « latinos » du Texas. « Je suis votre femme » (en référence au « je suis votre homme ») ; un message présenté sur un ton très familier presque surprenant venant de Mme Clinton. Cette familiarité inhabituelle ne passe pas inaperçue et si Barack Obama remporte le Texas il ne s’agira pas d’une mince victoire. Cet état est composé de 35 % d’hispaniques et 3.6 millions d’entre eux voteront lors de la primaire et des caucus de demain. Depuis hier je me suis donné comme mission de rencontrer les résidents locaux hispaniques et de voir si vraiment ils sont divisés entre Obama et Clinton. Je me suis donc promenée dans le centre-ville de San Antonio, ce petit bastion hispanique d’une grande beauté et d’un doux romantisme avec ses cafés et ses restaurants qui longent la fameuse « river walk ».

Toutes mes conversations m’ont amenée à une conclusion : Hillary et Bill Clinton ont laissé un très bon souvenir et ici on est fier de dire que l’on compte parmi leurs amis. Betty et Annette travaillent au « Buckhorn shop and saloon » et leur choix en faveur d’Hillary est sans équivoque. « Vous êtes une femme madame », me dit Annette « j’espère que vous comprenez pourquoi je vote pour Hillary ». Et Betty d’ajouter : « Son mari Bill a tellement aidé la communauté hispanique et les pauvres que nous rêvons de les voir de retour à la Maison Blanche. »

Viola, propriétaire du restaurant mexicain « Los Barrios » ne connait pas suffisamment Obama mais se souvient des Clinton. « Ils sont venus au restaurant à plusieurs reprises. Ils appellent une heure avant pour me dire qu’ils s’en viennent et on les attend avec grand bonheur. Bill a été un bon Président et a remis notre économie sur pieds. » Quant à Yolanda occupée dans sa petite boutique d’objets mexicains « La Casa Salazar », elle me dit être encore indécise. « Je penchais pour Obama, mais Hillary semble plus prête à prendre les rênes. »

Avant d’arriver au Texas, je n’entendais parler que d’Obama, mais est-ce le hasard ou la réalité qui m’a amenée à rencontrer tant de latinos favorables à Clinton ? Chose certaine, Hillary Clinton a triplé d’efforts ici pour consolider le vote et garder une certaine avance. Malgré la menace croissante que présente la candidature de Barack Obama, Clinton a encore des chances d’arrêter Obama dans sa lancée, pas seulement en Ohio, mais au Texas aussi. Nous verrons bien ce soir si Hillary Clinton est véritablement la « chica » de la majorité des hispaniques.

Catherine Cano - Canovision

Monday, March 3, 2008

À la découverte du Texas

Le Texas, pays de Georges W. Bush, terre des cowboys et
des grandes pétrolières, est souvent synonyme d’arrogance,
de riches parvenus et d’extrême droite. Je suis arrivée
en sol texan avec toute une série de préjugés et en moins
de 24 heures, je suis complètement tombée sous les charmes
de cet état qui fut à une époque une république
indépendante.

Mon voyage débute à San Antonio, une ville de plus d’un
million d’habitants composée d’hispaniques à presque 60%.
Ici, tout est bilingue: des enseignes de l’aéroport à
celles sur des autoroutes, des guichets automatiques dans
les banques, aux produits en épicerie, au mot de bienvenue
dans un petit restaurent local. La frontière mexicaine
est à peine à deux heures et demie de route et personne ne
semble se formaliser de la présence croissante de cette
autre culture.

Le Texas est une métaphore de la présente élection au pays;
un état tiraillé entre le passé et l’avenir. Sur ma route,
entre San Antonio et la capitale Austin, je m’arrête à un
petit endroit nommé Luckenbach–Texas; oui, celui-là même
que Willie Neilson a tant chanté. Cette agglomération de
trois habitants, (vous avez bien lu) est le lieu de
rencontre des cowboys poètes, de chansonniers « country »
et de la danse western. De la prose musicale de Tom,
pleurant à grands coups la disparition des valeurs
familiales au conte de David en hommage à Dieu, on discute
politique avec nostalgie. « Bush a débâti le pays »,
de dire Bob, un propriétaire de rodéo âgé de 60 ans qui a
pourtant voté pour W. Bush en 2000. « Mais aucun des
candidats n’a la capacité de le remettre sur les bons
rails, même pas John McCain. Il est aussi libéral que les
autres.» Pour la première fois, ces artistes désireux de
maintenir les traditions, songent à ne pas voter. David,
bière à la main, tourne la tête d’un air découragé et
ajoute : « Nous avons été exclus du processus pendant sept
ans. Je suis inquiet de constater la grande frustration
des gens prêts à accorder aveuglément leur vote à Obama
sans comprendre vraiment ce qu’il propose.» Tom a un fils
en Iraq. « Je veux que mon gars revienne à tout prix à la
maison, mais ce serait irresponsable de retirer nos
troupes rapidement. Il est trop tard, nous sommes coincés
et on doit finir le boulot. Clinton et Obama ont tort de
penser que le retrait complet des militaires est réaliste.»

Mais un peu plus loin et tout autour de Luckenbach, se
trouve ce qui est maintenant reconnu comme la deuxième
« Napa Valley » du pays. Trente-trois jeunes vignobles
se font compétition et les vins ne sont pas à dédaigner.
Près de la table de dégustation, Amanda entame la
discussion se disant convaincue que les Américains veulent
donner une leçon aux politiciens et voter pour un
grand changement. Son amie d’enfance Trish est
dessinatrice et mère de deux enfants qui ont complété
leurs doctorats. Selon elle, les jeunes veulent prendre
le contrôle de leur destinée et souhaitent que les
« babyboomer » leur laissent la place; une place qu'Obama
leur permet de prendre. Essoufflés par trois jours
intensifs de campagne pour le sénateur de l’Illinois,
Jerry et Sandy se joignent au groupe. Ancien directeur
des programmes au réseau de télévision HBO, Jerry a fait
du porte à porte depuis l’Iowa en passant par le
New Hampshire et la Caroline du Sud. « Le pays a besoin
d’espoir, ce n’est pas une frivolité. Bush représente une
telle déception, que nous voulons croire au changement,
à la possibilité de devenir à nouveau un leader
international et à une solution pour nous sortir de note
gouffre économique. Le message d’espoir est la raison pour
laquelle tant de citoyens se mobilisent. Plus jamais on
ne fera la même erreur » s’exclame Jerry.

Mais le Texas reste un territoire républicain et même
mécontents de l’héritage de W. Bush et du choix de son
successeur John McCain, plusieurs useront de stratégie
pour empêcher les Démocrates de l’emporter en novembre.
Les règles ici permettent aux citoyens de s’inscrire pour
un parti lors de la primaire mais elles leur permettent
aussi de se désaffilier et de changer de camp pour
l’élection générale. Scott est président général d’une
compagnie d’électricité, Tamara est sommelière et Debi
est propriétaire d’une petite boutique de savons. Tous
les trois sont Républicains et mardi, ils ont l’intention
de s’enregistrer comme Démocrates et de voter pour Barak
Obama. Devant mon étonnement ils m’expliquent que McCain
a de meilleures chances de gagner contre un candidat Noir :
« Je ne veux pas avoir l’air raciste, mais je souhaite
l’élection d’un homme blanc et je sais que je ne suis pas
la seule» de dire Debi qui m’offre en cadeau un savon à
la senteur de cabernet-sauvignon. Oui, oui, un savon !
Ils sont définitivement bien charmants les Texan mais
aussi encore bien à droite.

Catherine Cano - Canovision

Saturday, March 1, 2008

Campagne de peur : Hillary emprunte une tactique bien républicaine

À moins de quatre jours avant les importantes primaires du Texas et de l'Ohio, le camp Clinton vient de sortir son dernier arsenal de bataille sous la forme d'une nouvelle campagne publicitaire. Voici ce que le texte dit (traduction libre): « Il est 3 heures du matin, vos enfants dorment en toute sécurité. Au même moment, une crise éclate dans le monde et le téléphone sonne à la Maison Blanche. À votre avis, quel candidat à la présidence serait mieux apte à répondre à cet appel et à gérer cette crise? » Visuellement, cette publicité est composée d' images en gros plans d'enfants qui dorment paisiblement. L'équipe Clinton en est donc à présenter une campagne de peur, comme l’administration de Georges W. Bush en a habitué la population depuis le 11 septembre 2001.

Une campagne de peur comme seuls les Républicains sont capables d’en faire. Les citoyens américains se souviennent trop bien des multiples conférences de presse où le gouvernement brandissait la possibilité d’une autre menace et la nécessité d’élever le niveau de sécurité du pays. Un code de couleur avait même été créé, et régulièrement il passait de la couleur jaune à orange signalant un niveau de danger très important. Les Américains se rappellent aussi de toutes ces alertes parfois quotidiennes, que ce soit pour dévoiler la découverte d'enveloppes que l’on croyait contenir de l’Amthrax ou de sacs à dos laissés devant une station de train ou d'autobus.

Il n'est nul besoin d'ailleurs de reculer si loin dans le temps. Encore une fois cette semaine, le Président Bush a utilisé la peur pour forcer le Congrès à voter une loi sur l’écoute électronique stipulant que sans cela, les politiciens permettaient aux terroristes de s’infiltrer plus facilement aux États-Unis.

Le peuple américain vit sous ce règne de la peur depuis déjà sept ans. Je doute fort que la stratégie de la campagne Clinton ait un effet positif. En réalité, c’est aussi de cela dont les Américains veulent se départir.

Catherine Cano - Canovision