Thursday, July 31, 2008

L'impact d'une campagne négative

Catherine en entrevue à l'émission "Montréal Maintenant" avec Esther Bégin, le 31 juillet
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Wednesday, July 30, 2008

Obama ébranlé

Barack Obama ne pouvait souhaiter une meilleure campagne. En contrôle de l’agenda tant sur le plan de la politique étrangère américaine que des questions domestiques comme la crise économique, le chemin vers la Maison Blanche s’annonçait alors presqu’assuré. Conscient d’un fond de racisme persistant au pays, il avait même presque réussi à faire oublier qu’il est noir.

Par surcroît, son adversaire John McCain, qui a toutes les misères du monde à mettre un pied devant l’autre sans trébucher, multiplie les erreurs. Il a d’abord déclaré que l’Iraq et le Pakistan étaient des pays limitrophes. Et puis, il a affirmé que les forces d’Al Quaida avaient été chassées de la province d’Anbar en Iraq grâce aux troupes américaines envoyées en renfort; ce qui est faux. Ou encore, il était convaincu que le conflit en Iraq était le seul et le plus important à survenir depuis la tragédie du 11 septembre, omettant ainsi la guerre en Afghanistan.

Perdant la bataille de l’image et constamment sur la défensive réalisant que les politiques de McCain ne font que rappeler celles de W. Bush, les Républicains ont décidé d'attaquer de front leur rival et de miner sa crédibilité. Ils se sont repliés sur d’anciennes stratégies de campagne optant pour des attaques négatives contre le candidat démocrate. La dernière en lice est une publicité dans laquelle on compare la « vedette » Barack Obama à Paris Hilton et Britney Spears. L’insulte est de taille. Après une tournée internationale victorieuse où plus de deux cents milles personnes se sont déplacées pour l’entendre à Berlin, et pendant laquelle sa politique étrangère en Iraq a pris toute sa crédibilité, une telle comparaison est absolument risible et ne mériterait pas que l’on s’y attarde.

Mais en réalité il n’y a rien de très drôle dans cette approche de John McCain qui, bien avant Obama, se disait pourtant si honnête et si désireux de changer la politique à Washington. S’il accepte de poursuivre cette tactique sans broncher, c’est qu’elle réussit. Elle réussit à semer le doute et bien plus, elle vient confirmer les craintes des électeurs qui n’ont pas le souci ou le temps de vérifier les faits.

Dans un état baromètre comme le Colorado, l’équipe républicaine bombarde littéralement les ondes. Et en trois semaines, les sondages qui favorisaient Obama de 4 à 6 points, le donnent perdant de 4 points aujourd’hui. Nous sommes toujours dans la marge d’erreurs, mais ces chiffres sont des indicateurs de la force de frappe de McCain.

Les Républicains diffusent présentement quatre publicités véhiculant des messages controversés et faux: 1-Obama préfère perdre la guerre en Iraq en retirant les troupes américaines trop rapidement, 2-il est responsable de la montée du prix de l’essence, 3-il a le temps de jouer au basket-ball mais pas de rencontrer des soldats blessés et 4- il n’est qu’une star arrogante mais sans profondeur. Ces messages questionnent d’une part, son patriotisme et son sens des priorités, renforçant par ailleurs une image élitiste et déconnectée des misères du peuple.

Des messages controversés et faux, mais qui touchent une corde sensible. Pendant que Barack Obama se promenait en Europe, les travailleurs de l’industrie du pétrole et du gaz naturel ici au Colorado ont applaudi la décision du Président Bush - appuyé de John McCain, de reprendre l’exploitation des puits qui sont nombreux à travers l’État. Dans une économie en récession, la création de nouveaux emplois est bienvenue. Et puis, dans un coin du pays où l’automobile est le principal moyen de transport, on avait également approuvé la proposition du candidat républicain de susprendre la taxe sur l’essence pendant l’été ; un bénéfice qui aurait permis aux citoyens d'épargner en moyenne cinquante dollars par mois. Deux politiques auxquelles Obama s’est opposé.

Enfin, Barack Obama fait de l’Afghanistan une bataille à finir et re-déploiera les troupes de l’Iraq vers ce pays. Cette décision inquiète un certain nombre d'électeurs. La guerre en Iraq a déjà coûté cher aux États-Unis tant sur le plan économique que sur le plan humain. Le pays a-t-il les moyens de s’engager davantage dans une guérilla ? Combien d’années faudra-t-il pour sortir victorieux d’une lutte contre le terrorisme. Est-ce qu'une telle victoire est même possible ?

La campagne de John McCain est outrageuse parce qu’elle propage des faussetés. Mais les messages rejoignent indéniablement l’électorat qui continue de s’interroger sur Barack Obama, ses valeurs et ses politiques.

Catherine Cano - Canovision

Sunday, July 27, 2008

Convention démocrate : compte à rebours

On s’y perd à tenter de compter le nombre de comités mis sur pied pour préparer la convention démocrate qui débutera le 25 août prochain, soit dans 4 semaines exactement, à Denver au Colorado. Déjà des enseignes, souhaitant la bienvenue aux 50,000 visiteurs attendus, sont posées dans les rues du centre-ville.

La ville n’en est pas à sa première convention puisqu’il y a exactement cent ans, en 1908, elle recevait celle des Démocrates qui avait couronné William Jennings Bryan battu ensuite à l’élection générale par William H.Taft. Denver n’en est pas non plus à son premier grand événement puisque elle a tenu une réunion du G-8 en 1997 et a reçu la visite du Pape en 1993.

Malgré une chaleur accablante et le fait que nous sommes sur le point de battre un record de température – quinzième journée de suite à plus de 30 degrés celsius -, une grande fébrilité s’est emparée des citoyens. Jeanie est une démocrate convaincue et, âgée de soixante ans, elle a décidé de s’impliquer. En consultant le site Internet de la convention, elle a mis la main sur ce qu’elle cherchait : « Comment devenir bénévole». Après avoir coché toutes les cases sans retenu, elle reçoit un coup de fil. « Mme Johnson, nous avons besoin de 3,000 chauffeurs privés». Excitée, elle s’enregistre immédiatement : « même si je ne serai pas dans l’enceinte » dit-elle fièrement, « je vais contribuer à faire de ce moment un succès pour ma ville et pour les Démocrates ». Les organisateurs de l’événement, qui durera quatre jours, n’ont eu aucune difficulté à recruter vingt-deux milles personnes pour travailler à titre de bénévoles.

Le centre Pepsi, la fameuse aréna de l’équipe de hockey l’Avalanche où se tiendra l’événement, est méconnaissable. Des milliers de mètres de câbles ont été tirés, une vingtaine de serveurs ont été installés pour les 15,000 médias qui couvriront la convention et mille lignes de téléphone ont été branchées.

À un mois de ce moment historique qui célèbrera la nomination du premier noir candidat à une présidentielle américaine, tout semble sous contrôle si on en croit les responsables. Mais, ce n’est pas tout à fait vrai. Il manque encore 20 millions de dollars pour couvrir les coûts de cette « extravaganza ». C’est un déficit que la ville de Denver ne peut se permettre et la situation en inquiète plus d’un.

Mais les organisateurs sont pris avec des problèmes encore plus graves. Il semble qu'Oprah et son entourage aient tenté de déloger les Clinton de l’hôtel Brown Plaza parce qu’elle se disait trop loin de son protégé et les Kennedy n’ont toujours pas trouvé une maison qui réponde à leurs attentes.

J’ai songé offrir ma chambre d'amis à Mme Winfrey, mais elle est déjà prise. Avoir su ! … à suivre.

Catherine Cano -Canovision

Friday, July 25, 2008

Impact de la tournée d'Obama

Catherine en entrevue à l'émission "Montréal Maintenant" avec Esther Bégin, le 24 juillet
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Catherine à l'émission "La Tribune" de Radio-Canada avec Jacques Beauchamps, le 25 juillet
http://www.radio-canada.ca/audio-video/pop.shtml#urlMedia%3Dhttp://www.radio-canada.ca/Medianet/2008/CBF/LaTribune200807251215_1.asx

Wednesday, July 23, 2008

Voyage d'Obama 2

Catherine en entrevue à l'émission Montréal Maintenant, avec Esther Bégin, le 21 juillet
http://www.985fm.ca/mp3player.php?mp3=164023.mp3

Tuesday, July 22, 2008

Stratégie 201

Il semble bien que les Américains puissent enfin voir la lumière au bout du tunnel. La question n’est plus de savoir si les soldats américains sortiront de l’Iraq, mais plutôt, à quel moment. Depuis vendredi, nous assistons à un revirement de situation. D’abord, accord-surprise! Vendredi dernier, Washington et Bagdad s’entendent pour dire qu’il y aura un retrait éventuel des troupes américaines, mais ne fixent pas de date. Le lendemain, le Premier ministre iraquien pousse l’audace en déclarant non seulement que son pays souhaite un départ des soldats américains, mais ajoute l’échéance de décembre 2010. Al-Malaki n’avait rien à perdre puisque les iraquiens n’ont jamais caché leur hâte de voir partir les Américains de leur territoire. La visite de Barack Obama tombait juste à point et Al-Malaki se défend bien de s’ingérer dans la campagne électorale américaine. Tout au plus, le temps est-il venu de faire pression sur le gouvernement Bush qui, à son avis, ne semble pas suffisamment pressé de quitter l’Iraq.

La presse a fait grand état toute la journée du voyage victorieux d’Obama. La décision du gouvernement de l’Iraq vient appuyer la stratégie du candidat démocrate qui prévoit rapatrier les forces militaires dans les 16 premiers mois de son mandat. Pourtant, John McCain s’est évertué toute la journée à préciser que si les gouvernements peuvent discuter de la possibilité d’un retrait éventuel, c’est en grande partie grâce à la solution qu’il a préconisée l’an dernier; celle d’envoyer des renforts militaires pour stabiliser le pays. Cette même stratégie contre laquelle s’est élevé son rival, Barack Obama.

À court terme, il ne fait pas de doute qu’Obama bénéficie des déclarations provenant du gouvernement iraquien. D’abord, la politique du Sénateur de l’Illinois semble se baser sur une nouvelle réalité militaire et politique. Les conditions sur le terrain se sont améliorées considérablement depuis six mois, et les iraquiens souhaitent prendre leur destinée en main. Et puis, la population américaine est impatiente de voir une fin à cette guerre.

À moyen terme, c’est-à-dire, d’ici l’élection de novembre dans plus de trois mois, qu’auront retenu les électeurs ? Donneront-ils le crédit à Barack Obama ou à John McCain ? Est-ce que les conditions sur le terrain ce seront détériorées au point de devoir retarder l'échéance du départ ?Depuis la déclaration de l’administration Bush vendredi dernier, tout le monde est d’accord pour rapatrier les troupes. Là, où il y a encore des divergences, c’est le moment. McCain croit que la situation reste fragile. Un stratège républicain admettait ce matin que si son parti veut conserver la Maison Blanche, McCain doit aussi affirmer clairement que les États-Unis ne seront pas pris dans ce conflit indéfiniment. La stratégie est donc de peaufiner le discours de façon à ce que la position de McCain se rapproche de celle de son adversaire, et ce, sans qu’il ait à décider d’un calendrier précis. Si tôt ou tard les soldats sont de retour au pays, se disent les républicains, c’est tout ce qui comptera dans l’esprit du public. Entre temps, ils auront enlevé des munitions aux Démocrates et diminuer la force de l’enjeu que représente l’Iraq. Mieux encore, la position de McCain prouvera peut-être que sa prudence était justifiée.

Alors, qui sera le vainqueur du débat sur l’Iraq ? Incapable de trancher, je décide de chausser mes espadrilles et d’aller prendre une marche. I-pod à la ceinture, je suis déterminée à me changer les idées pendant une bonne heure. En longeant la 17e avenue, une dame qui arrosait ses fleurs m’arrête, et me demande si je connais quelque chose au jardinage. J’hésite et lui réponds : « oui, un peu ». « Est-ce une fleur sauvage ou une mauvaise herbe? » poursuit-elle. « Hum! Je crois qu’il s’agit d’une fleur, mais je n’en suis pas certaine. Je n’ai jamais vu cette plante auparavant, » lui dis-je. « Vraiment ! Dans ce cas, je vais lui laisser une chance de fleurir,» rajoute-elle. Sur le point de continuer mon chemin après cet échange courtois, je ne peux m’empêcher de me retourner et de lui demander à mon tour : « Vous avez suivi les nouvelles des derniers jours sur les développements en Iraq ? » « Oui, oui. Quel soulagement, nos enfants vont revenir au bercail ! », me dit-elle d’un air encouragé. Je ne lui ai pas demandé si elle était démocrate, républicaine ou indépendante ou encore, si la date d'un retour était importante. Soudainement, tout cela semblait secondaire.

Catherine Cano - Canovision

Monday, July 21, 2008

Un été américain: confidences de gens ordinaires 7*

Scranton, Pennsylvanie

Bill et Hillary sont des habitués de la place. Après tout, elle y a été baptisée et tant son père que son grand-père y ont travaillé. Chaque été, ils passent du temps en famille à leur chalet de Winola situé à 40 kilomètres de Scranton.

Au moment de la primaire de la Pennsylvanie en avril, Dollar Bill, dont le vrai nom est Bill Rosick, avait appelé le bureau de Mme Clinton pour offrir ses services comme chauffeur, mais sans succès.

Dollar Bill est tout un personnage. Il s’est installé seul dans un studio pas très grand, en banlieue de Scranton. Il ne voit jamais ses deux filles qui ont maintenant 16 et 21 ans. Il vit de chèque de paie en chèque de paie. Pour joindre les deux bouts, il travaille le jour dans un petit dépanneur et le soir, il circule dans les rues de la ville de Scranton avec son taxi. Dollar Bill passe son temps à parler avec les citoyens et il a une opinion sur tout. Il me raconte qu’il n’est pas le seul. Dans cette ville de mineurs, on parle peu aux étrangers, mais on n’hésite pas à exprimer ses idées en tête à tête..

Les gens qui prennent le taxi à Scranton sont des clients réguliers. Des personnes âgées qui ont besoin de se rendre à l’épicerie, à la pharmacie, chez le médecin ou à la banque. Le premier commentaire que Dollar Bill entend lorsqu’un passager entre dans son taxi, c’est une boutade sur le prix indiqué au compteur; le prix de base de $2.57 en janvier a grimpé à $3.00. Un voyage qui coûtait $10.00 en vaut maintenant 12 à14 dollars. Pour des gens qui gagnent peu, deux dollars de plus c’est beaucoup. « Le prix de l’essence n’arrête pas de monter, il faut bien que j’ajuste mon taux aussi. Sinon, je vais perdre trop d’argent et le taxi ne sera plus rentable », se plaint Dollar Bill. Pour des communautés comme celle de Scranton, les hausses continues de l’essence sont devenues un sérieux problème. « Les distances sont grandes et si vous ne vivez pas dans les grandes villes où il y a des services en commun, vous avez besoin de votre automobile pour vous déplacer. Les gens ici n’ont pas d’autres options, » conclut-il.

Les habitants de cette ville, située à un peu plus de deux heures au nord de Philadelphie, sont aussi préoccupés par les coûts élevés de la santé. On compte 47 millions d’Américains qui n’ont pas d’assurance santé. En Pennsylvanie, plus de 750,000 personnes vivent sans filet. Pour l’instant l’accessibilité aux soins de santé pour tous reste une promesse abstraite.

Il faut que les choses changent, pense-t-on, mais ici on ne croit pas aux contes de fée. Tous ce que l’on souhaite selon Dollar Bill, c’est que les choses changent pour le mieux ou tout au moins, reviennent comme avant, comme à l’époque de Bill Clinton.

Catherine Cano
(*7e et dernier article d'une série publiée dans la revue l'actualité - août 2008)

Un été américain: confidences de gens ordinaires 6*

Fallujah, Iraq

Shane est un marine parti en Iraq depuis le début d’avril. Les forces américaines dans ce pays en sont à leur sixième été. Depuis le début de cette guerre, plus de 4,000 soldats sont tombés au combat et près de 30,000 autres ont été blessés. Ce chiffre est encore plus alarmant parmi les Iraqiens civils et militaires où l’on compte plus de 50,000 morts et blessés.

À peine une semaine après son arrivée à Fallujah, quatre marines sont tués sur le coup lors d’une embuscade.

À des milliers de kilomètres de là, dans une ville de banlieue appelée Brighton au Colorado, la mère de Shane, Véronica, attend des nouvelles de sa belle-fille Maegan. Assise devant son ordinateur, cette dernière est encore à Camp Lejeune en Caroline du Nord avec le petit Matthew de 16 mois. Cela fait déjà trois jours que la nouvelle est rapportée dans les médias. Sans vouloir imaginer le pire, elle est incapable de dormir. Enfin, un courriel arrive. Maegan se précipite aussitôt au téléphone et signale le numéro de Véronica. Les nouvelles sont bonnes, et soulagées, elles pleurent toutes les deux de joie. Shane est vivant mais pour des raisons de sécurité, il faudra attendre trois semaines avant la prochaine communication.

« J’ai passé trois semaines angoissées, à me coucher sur le divan après le travail, le cœur en nœuds. Ce sont les plus longs mois de ma vie», me dit Véronica. Maegan s’est rapprochée de la famille et Véronica est si heureuse de retrouver son petit fils : « il ressemble à Shane lorsqu’il avait le même âge » me jure-t-elle. Shane n’a pas encore 21 ans et n’avait que 14 ans lorsque la tragédie du 11 septembre s’est produite en 2001. L’administration Bush n’a jamais prouvé le lien entre Al-Quaida et le régime de Saddam Hussein. Malgré tout, les États-Unis se sont engagés dans une guerre qui a déstabilisé l’échiquier politique du Moyen-Orient.

Shane croit à la nécessité de servir son pays. « Je veux contribuer à sécuriser les États-Unis, » dira-t-il juste avant de partir. Véronica le voit autrement: «Il est trop jeune pour comprendre qu’il met sa vie en danger pour une mauvaise décision de notre Président. Je prie tous les jours pour qu’il revienne en un morceau, physiquement et mentalement.»

Depuis, les téléphones de Shane se veulent encourageants, même s’il ne cache que les combats se sont intensifiés. Sous la chaleur torride, les conditions sont précaires: «nous restons conscients du danger qui nous entoure. Les temps de repos n’existent pas», confiera-t-il à sa mère.

Véronica non plus ne connaît plus le repos. « Tout ce que je peux faire, c’est de prétendre que tout va bien. » Et puis, elle sait qu’elle n’est pas la seule. Des dizaines de milliers de familles américaines vivent la même détresse. Chaque jour qu’un soldat tombe, elle bénit le ciel que ce ne soit pas son fils. Mais en même temps, un sentiment de culpabilité l’habite à la pensée que c’est une autre famille qui est en deuil et elle se demande à quoi sert tant de sacrifices.

Catherine Cano
(*6e article d’une série publiée dans la revue l’actualité – août 2008)

Sunday, July 20, 2008

Stratégie 101

Quelle fin de semaine! À en croire les nouvelles, Barack Obama doit être un candidat comblé. Le Président Bush a accepté de prendre la voie diplomatique pour discuter avec le gouvernement de l’Iran. Son attaché de presse refuse de dire qu’il s’agit d’un premier pas vers une négociation possible. Mais pour un Président qui condamnait l’intention d’Obama de s’asseoir avec des chefs d’État considérés comme des ennemis, la décision de vendredi de la Maison Blanche est un renversement de position.

Et puis le même jour, un autre développement important, cette fois en Iraq. Le Premier ministre iraquien Malaki se dit prêt à considérer une date pour le retrait des troupes américaines. Selon un journal allemand, il aurait même déclaré que le plan du candidat démocrate de rapatrier les soldats dans les premiers 16 premiers mois de son administration était plausible. Bush a admis qu’un retrait était envisageable, mais refuse toujours de consentir à un calendrier précis.

Il n’y a pas de coïncidences en politique. Georges Bush et Dick Cheney continuent de tenir les rênes du pouvoir. Devant un électorat désabusé, la tentative est simplement stratégique. Il ne faudrait pas être surpris de voir les négociations avec l’Iran échouer et le calendrier du retrait des troupes être limité à de vagues discussions. L’objectif est de faire la preuve que l’approche d’Obama n’est au mieux pas viable et au pire, dangereuse pour la sécurité du pays. Richard Bolton, ancien ambassadeur aux Nations Unies et grand défenseur du gouvernement Bush a laissé échapper la véritable stratégie républicaine en disant : « Les Américains auront eu un avant-goût d’un gouvernement Obama ».

Ces nouvelles sont plutôt bonnes pour John McCain qui en a bien besoin après avoir été obligé vendredi de remercier son co-président de campagne et expert économique, Phil Gramm deux semaines après que celui-ci ait déclaré que les Américains étaient des "pleurnichards" et se plaignaient à tort de la situation économique.

À la réflexion, Barack Obama qui compte profiter de ce voyage à l'étranger pour montrer une image de chef d'État et établir la crédibilité de ses positions sur les guerres en Iraq et en Afghanistan, n'a pas eu le temps d'atterrir que déjà, les stratèges républicains lui coupent l'herbe sous le pied.

Catherine Cano – Canovision

Un été américain: Confidences de gens ordinaires 5*

Atlanta, Georgia

Au quartier général des « Young Democrats for America », des dizaines de jeunes bénévoles sont à l’œuvre. Ils sont à organiser des petites assemblées de cuisine mieux connues sous le nom de « house Parties » où un (e) jeune invite une vingtaine de personnes à discuter de leurs préoccupations et de l’avenir du pays. Au loin, on entend la chanson « don’t stop thinking about tomorrow », de Fleetwood Mac.

Les primaires et les caucus qui se sont tenus dans les cinquante États américains ont enregistré des taux record de participation pour les jeunes de 30 ans et moins. Au total, cinquante millions d’entre eux seront en droit de voter aux élections de novembre. Encouragés par ces données, les jeunes ont pris d’assaut l’Internet et lancent des invitations à des pique-niques et des concerts dans les parcs. Ils créés des sessions de discussions appelées les « méga-meetings » sur Facebook et My Space. Ils se fabriquent même des personnages dans « Second life » pour s’assurer de ratisser le plus largement possible.

Dans moins de trois mois, Mijha se marie. Cette jeune noire américaine est avocate et présidente de l’organisation des jeunes démocrates d’Atlanta. Originaire de New York, elle a décidé de s’installer dans l’état républicain de la Georgie, parce qu’être démocrate à New York était trop facile. Mijha vit d’espoir pour son parti en novembre mais reste lucide. Les jeunes ont la réputation d’être apathiques et de ne pas se présenter aux urnes le jour du vote. «Mais cette fois, nous n’avons aucune excuse de manquer à notre devoir de citoyen. There is simply too much at stake, » me dit-elle avec détermination.

La situation économique des jeunes sera moins reluisante que celle de leurs parents. Avec un pays dont l’endettement est incommensurable, ils ne s’attendent pas à récolter des pensions de vieillesse et savent que les coûts de la santé augmenteront. Déjà, la recherche d’emplois sera plus difficile pour les gradués de 2008 selon Careerbuilder.com. Seulement 58 pourcent des employeurs prévoient engager de nouveaux gradués, alors que l’an dernier,on en comptait 79 pourcent. « Aurons-nous encore un emploi le mois prochain, aurons-nous les moyens d’acheter notre première maison et d’avoir des enfants, mais surtout, avec quelles valeurs les élèverons-nous ? » se demande Mijha.

C’est cette dernière question qui pousse les jeunes à s’exprimer. Mijha considère que cette élection va permettre aux États-Unis de revenir sur la bonne voie. Elle ajoute qu’il leur faut dire au reste du monde « we are back ». Fini l’arrogance, les ultimatum et la fabrication des faits. Elle croit qu’il y a un besoin urgent pour le peuple américain de s’unir pour surmonter les immenses problèmes auxquels il fait face. « Ma génération est colourblind et a grandi dans un environnement multiculturel », déclare-t-elle. «Les années Bush nous on montré que les politiques du pour ou contre nous, ne peuvent être que néfastes pour le pays.»

Mijha se souvient de la campagne présidentielle de 1992 lorsque Bill Clinton parlait d’espoir dans ses discours. La chanson de Fleetwood Mac lui revient en tête. C’est justement en pensant à demain qu’elle et des milliers de jeunes passent l’été à faire campagne.

Catherine Cano
(*Cinquième article d'une série publiée dans la revue l'actualité - août 08)

Saturday, July 19, 2008

Voyage à l'étranger d'Obama

Catherine en entrevue à l'émission "Montréal Maintenant" avec Esther Bégin, le 18 juillet
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Un été américain:Confidences de gens ordinaires 4*

Denver, Colorado

La beauté des montagnes rocheuses du Colorado nous fait parfois oublier l’immense nuage brun de pollution suspendu au-dessus de la ville de Denver, sa capitale. On estime que la moitié de cette pollution est le résultat de la circulation automobile ; et ce, même si le Colorado est le quatrième État au pays où les citoyens utilisent le plus leur vélo comme transport pour se rendre au travail.

Amoureux du grand air, les Coloradiens se réfugient en montagne pendant l’été. Mordus de l’exercice, vous les retrouverez en bicyclette, en camping, en canot, en rafting ou en escalade. Le Colorado est aussi l’État dont la population est la moins obèse de tous les États-Unis.

Dan Grunig ne fait pas exception. Un passioné du cyclisme, il enjambe tous les jours son vélo et parcourt en moyenne plus de 400 kilomètres par semaine. « J’ai toujours eu une bicyclette. Je me souviens que je devais faire sept kilomètres pour me rendre à l’école», me dit-il. En ouvrant la porte du condo qu’il partage avec sa compagne Suzanne, on réalise à quel point le sport fait parti de sa vie. Pas un, pas deux, mais quatre vélos sont juchés sur son mur à l’entrée.

En fait, ce cycliste de longue date est aussi directeur de « Bicycle Colorado », un organisme sans but lucratif dont l’objectif est d’accroître l’accessibilité des routes de l’État aux bicyclettes. « Il y a trois raisons pour lesquelles il est important d’encourager l’utilisation du vélo: améliorer notre état de santé, la qualité de notre environnement et nos infrastructures routières, » m’explique Dan. Il déplore le manque de planification du département des transports et prêche l’ajout de pistes cyclables à chaque nouvelle route construite. Selon lui, les bénéfices sont tangibles car une population qui vit dans un meilleur environnement et qui s’adonne à l’exercice, est forcément une population en meilleure santé. Et de plus, les épargnes que cette réalité représente, compensent pour les frais de construction encourus. « Il est difficile de comprendre pourquoi les gouvernements hésitent tant à investir », ajoute Dan.

Fan de l’exercice en montagne, Dan se prépare à la grande expédition qui se tient à chaque été dans les montagnes Rocheuses appelée « Ride the Rockies ». Plus de 2,000 citoyens se joignent à l’aventure et parcourent 900 kilomètres de bicyclette étalés sur une semaine. Le trajet permet aux participants de prendre conscience de leur environnement.

En cet été électoral, les bannières des partisans des deux camps politiques seront visibles sur le bord de la route et se mêleront aux encouragements de la foule tout au long du tour. Le Colorado est un État baromètre cette année et avec la Convention démocrate qui se tiendra dans sa capitale, on s’attend à beaucoup d’activités politiques. Il ne serait même pas surprenant de voir Barack Obama faire un bout de chemin avec les participants. John McCain pourrait y être aussi, mais vu son âge et ses blessures de guerre, personne ne s’attend à ce qu’il enfourche sa bicyclette.

Catherine Cano
(*Quatrième article d'une série puliée dans la revue l'actualité - août 08)

Friday, July 18, 2008

Un été américain: Confidences de gens ordinaires 3*

Iowa City - Iowa

Je n’avais jamais mis les pieds en Iowa. Mireille, ma grande amie de 30 ans habite Iowa City. Je m’y suis donc rendue au moment de la course à l’investiture démocrate, ce fameux caucus qui a propulsé la candidature de Barack Obama.

Iowa City est une ville universitaire en apparence tranquille mais où bouillonne idées et opinions politiques. Le « Hamburg Inn » est le centre nerveux et l’endroit rêvé pour tous ceux qui aiment jaser politique autour d’un bon café. C’est un petit restaurant, vieux de 60 ans, qui sert le déjeuner toute la journée, et qui se fait un point d’honneur, photographies à l’appui, de dire que depuis Ronald Reagan presque tous les candidats à la Présidence s’arrêtent ici. Dave, le propriétaire est plutôt fier de cette reconnaissance publique. Il prend chaque présidentielle au sérieux. « C’est important que les gens discutent, échangent leurs points de vue et surtout votent », affirme-t-il.

Pour inciter ses clients à comprendre l’importance de leur devoir civique, il a institué une élection parallèle pendant les caucus démocrates et républicains, appelé le « Coffee Bean Caucus ». Chaque client qui entrait dans son restaurant recevait un grain de café et devait choisir le pot associé à la, ou au candidat Républicain ou Démocrate de son choix. La veille du véritable vote, Dave organisait le dépouillement de centaines de grains de café et annonçait que Barack Obama remportait la nomination démocrate haut la main. Une prévision qui, le jour du vrai scrutin, s’est avérée juste.

Cet été, Dave a repris le concept de son concours en vue de l’élection de novembre. Il nomme sa campagne « Coffee Bean Ballot », et cette fois, les pots où vous pouvez déposer votre grain de café portent les noms de John McCain et de Barack Obama. Il prévoit un fort taux de participation. « Les Américains du Mid-ouest suivent cette campagne comme jamais. La situation économique des familles s’est envenimée au cours de la dernière année et on sent déjà les impacts», poursuit Dave. Il me donne en exemple la hausse du prix des aliments. Une cruche de 35 livres d’huile de soya produite en Iowa est passée de $30 à $45 en trois mois. « Et nous qui avons du mais frais qui poussent dans les champs à côté, on en offre moins au menu », concède-t-il. La diminution de la production du blé-d’inde, maintenant utilisé pour produire de l’éthanol, et l’augmentation de la demande font qu’il faut payer davantage pour la même douzaine.

Les hausses répétées des coûts des aliments l’ont obligé à refaire son menu et à augmenter le prix de ses plats. « On a remarqué une baisse de la clientèle, et ce qui est plus frappant, » me dit-il, « c’est que les clients laissent des pourboires moins généreux et ce sont les préposés aux tables qui en souffrent ».

Des centaines de restaurants à travers le pays imiteront l’idée de Dave et tiendront leur propre scrutin. Vous pouvez suivre les progrès et les choix de milliers de citoyens américains en vous rendant au site http://www.forkoveryourvote.com/.

Catherine Cano
(*Troisième d'une série publiée dans la revue l'actualité - août 2008)

Thursday, July 17, 2008

Un été américain: confidences de gens ordinaires 2*

Stonewall, Texas

Tamara est déjà en retard. Restée la veille à savourer les nouveaux crus, un « Claret 2006 » et un « Prairie Rotie » du style Rhones, elle n’a pas réussi à fermer boutique avant le début de la nuit. Tous les dimanches soirs, les derniers visiteurs et un groupe d’amis sont invités à prendre un dernier verre sur la terrasse du vignoble. Oui, vous avez bien lu : un vignoble au Texas, et pour être plus exact, il y a en a plus d’un. Le Texas Hill Country situé entre les villes d’Austin et de San Antonio, compte 23 jeunes vignobles. Cette région se targue d’être le nouveau Nappa Valley des États-Unis et pour cause, les vins sont simplement délicieux.

Tamara Wikel est une des artisanes responsables des dégustations du Becker Winery de Stonewall, célèbre pour être le vignoble de choix du Président Georges W. Bush dont le ranch à Crawford est non loin de là. Tamara sort fièrement la bouteille de Cabernet servi lors de la visite de Poutine à la Maison Blanche. Lorsque je lui demande quel est le vin préféré des Bush, elle hésite et fini par me montrer le « Viognier ». Un vin commandé à l’occasion du souper de départ de Karl Rove, le conseiller principal du Président, tant détesté. « Ce vin est aussi devenu populaire auprès de la population, mais on ne mentionne pas son origine», me dit-elle. À ma question si le vignoble produira une cuvée spéciale pour marquer le départ du Président, on me répond un « non » catégorique.

Juillet est le temps des vendanges et les 25 employés du vignoble, dont plus de la moitié sont mexicains, s’affairent aux préparatifs. Tamara me confie que l’immigration illégale faut l’objet de nombreuses discussions dans la région. Cette dernière, à l’instar du reste de l’état, voit sa communauté hispanique croître à une rapidité vertigineuse. Sans ces travailleurs, la plupart des vignobles seraient à court de main-d’œuvre. Mais le contexte économique précaire rend plusieurs citoyens inquiets de perdre leurs emplois aux mains d’étrangers.

Pour le moment, tout le monde se retrousse les manches. Dans un mois, la saison atteindra son apogée lorsque toute la région célèbrera le « Harvest Trail ». Tamara m’explique que c’est le moment, particulièrement pour les gens du coin, de faire la tournée des vignobles et de goûter aux nouveaux vins. Ironiquement, pendant le « Harvest Trail », le vignoble Becker organise une activité unique pour les passants : la foulée aux pieds du raisin. « Ce sera pour ceux qui ont besoin d’exprimer leur frustration, » me dira Tamara l’air moqueur. W. Bush ne fait pas l’unanimité ici. « Je respecte l’homme parce que personne n’aurait voulu être à sa place lors de la tragédie du 11 septembre 2001, mais depuis, il a manqué de diplomatie et aujourd’hui, je ne voterais pas pour lui ».

Même en terre républicaine, le départ de W. ne sera pas pleuré.

Catherine Cano -
(* Deuxième d'une série publiée dans la revue l'actualité - août 2008)

Wednesday, July 16, 2008

Un été américain : confidences de gens ordinaires 1 *

Los Gatos, Californie

À une centaine de kilomètres au sud de San Francisco se trouve une jolie petite ville de 36,000 habitants appelée Los Gatos. Oui, un drôle de nom qui signifie en français « Les chats » parce qu’à cet endroit vivaient des lynx il y a plus d’un siècle. Los Gatos, bondée d’artistes il y a trente ans, est aujourd’hui le lieu de résidence préféré des artisans de la Silicon Valley. Charmés dès le premier regard par ce coin paisible entouré de collines et de montagnes, Debbie et Dan Ross ont choisi de s’y établir avec leurs deux enfants.

En ce lundi d’été, il est 8 heures du matin et il fait déjà chaud. Tandis que le jeune Georges traîne dans son lit, Debbie tente d’encourager l’aîné, Sam, à manger avant le départ pour son camp d’été. Papa, un peu fatigué s’active aussi dans la cuisine. Il est percussionniste et a donné un spectacle de blues hier soir au bar JJs à San José, la ville voisine. Mais Dan a un autre boulot qui lui donne les « blues » ces jours-ci. Il est aussi courtier immobilier et par les temps qui courent, il a besoin de prendre les bouchées doubles. Entre les ravages causés par des températures extrêmes et la crise immobilière, l’année a été difficile en Californie. Leurs voisins, incapables de rencontrer leurs obligations financières, se voient forcer de vendre leur maison à perte. Cette dégringolade est sujet d’inquiétude pour Dan dont le travail est au cœur même de cette crise.

Et puis, la situation économique du pays n’est pas rassurante. « Nos enfants iront à l’Université et les frais de scolarité sont exorbitants aux États-Unis. Il nous faut amasser près de $200,000 par enfant d’ici 12 ans », me confient Debbie et Dan. Même Debbie, qui s’était permis de rester à la maison pour s’occuper des garçons, devra retourner enseigner le pilotage.

Les Ross suivent l’élection présidentielle avec passion mais ils ont peu de discussions avec les gens de leur entourage. « Nous vivons une récession et nous sommes en guerre. Nous allons à la partie de soccer de notre fils et personne ne parle de rien, comme si tout allait bien », de dire Dan. Ils sont surpris de constater que la population ne se soulève pas davantage et qu’il n’y ait pas plus de manifestations dans les rues.

Dan et Debbie sont visiblement inquiets. Ils ont un réel besoin de savoir quelles solutions les candidats à la présidence apporteront pour sortir l’économie de son marasme. Avec neuf trillions de dettes et plus de cinq cents milliards de déficit, les priorités doivent changer de façon draconienne pensent-ils. Dan, jusqu’à ce jour républicain a pris une décision : suivre Barack Obama qui semble être en mesure de réaliser ce changement impératif.

Le petit Georges encore endormi fait son entrée dans la cuisine. « Oups, assez parlé de politique, il est déjà 9 heures, » s’écrie Debbie ! C’est le temps pour Georges et Sam de quitter la maison pour leur journée au camp d’été.

Catherine Cano -
(* Premier d'une série publiée dans la revue l'actualité - août 2008)

Tuesday, July 15, 2008

Des temps durs!

La dernière déclaration du Président sortant, Georges W. Bush, ne suffira pas à rassurer la population face à la dégringolade de l’économie. « Je ne suis pas un économiste… je suis un optimiste », a-t-il dit en conférence de presse ce matin.

Près d’un demi million d’Américains ont perdu leur emploi depuis janvier et le prix des maisons a baissé de 15%. Selon le président de la réserve fédéral, Ben Bernanke, l’économie américaine fait face à de grandes difficultés qui ne seront pas résorbées d’ici la fin de l’année. La crise immobilière, la montée des prix du pétrole - provoquant un coût élevé de l’essence et de la nourriture - et la situation précaire des marchés boursiers et des institutions financières enrichissent l’inquiétude de la majorité des économistes.

Or, l’économie est devenue la préoccupation principale des citoyens américains. L’intention de Barack Obama de mettre fin à la guerre en Iraq n’est pas étrangère aux coûts exorbitants qu'entraîne cette guerre pour le pays; coûts évalués à 10 milliards de dollars par mois selon certains estimés. John McCain quant à lui ne promet pas de ramener les troupes américaines à une date précise. De fait, il considère plutôt que le pays devra demeurer en Iraq aussi longtemps que cela sera nécessaire.

Les États-Unis risquent non seulement de continuer à payer pour la guerre en Iraq, mais le pays devra aussi se préparer à investir des sommes considérables pour la lutte contre les Talibans et Al-Quaida en Afghanistan. Les discours prononcés aujourd’hui par les deux candidats à la présidence sont clairs : Barack Obama a annoncé son projet de redéployer et d’accroître le nombre de troupes américaines en Afghanistan. Il considère que la lutte pour éliminer l’ennemi dans ce pays constituera la nouvelle priorité de son administration. John McCain commence également à reconnaître la nécessité de consolider les effectifs dans cette région.

Jusqu'à présent, les Américains sont de surprenants joueurs. Malgré leur opposition à la guerre en Iraq, la moitié de la population soutient la stratégie du candidat républicain John McCain qui consiste à ne pas retirer rapidement les troupes américaines du territoire iraquien. Étonnant vous me direz ! Mais à bien y songer, les citoyens réalisent qu’un retrait rapide semble de moins en moins probable, la crise dépassant largement l’Iraq, et que la lutte contre le terrorisme ne fait que commencer.

Son opposition à la guerre en Iraq, a permis au Sénateur Obama de gagner des points importants contre Hillary Clinton tout au long de la saison des primaires. Il reste que cet enjeu lui échappe face à un candidat qui a une longue expérience militaire. Encore aujourd’hui dans un sondage du Washington Post et du réseau ABC, 72% des Américains croient que John McCain ferait un meilleur commandant en chef. Pour freiner cette perception et récupérer l'appui du public sur sa politique étrangère, Obama se rendra en Iraq et en Afghanistan la semaine prochaine.

Les attaques fusent déjà entre les deux camps. McCain accusant Obama de déterminer sa stratégie avant même d’être allé en Iraq et en Afghanistan. Et Obama rétorquant que ce n’est pas le nombre d’étampes dans son passeport qui compte, mais son bon jugement.

Le danger d’une campagne électorale est de mettre l’emphase de la couverture médiatique sur la rhétorique plutôt que sur les faits. John McCain peut bien promettre qu’il mettra la main sur Osama Bin Laden et qu’il mettra fin à la guerre en Afghanistan. Et Obama peut toujours prétendre que les troupes américaines seront de retour d’Iraq d’ici 16 mois. Les Américains se retrouvent prisonniers dans un coûteux bourbier, peu importe qui sera le prochain Président des États-Unis.

Si la crise économique s'aggrave déjà, les ramifications de la guerre en Iraq ne laissent rien présager de bon. Le pays n'a pas les moyens de s'endetter davantage. Tout comme W. Bush, je ne suis pas économiste, mais contrairement au Président, je suis loin d'être optimiste.

Catherine Cano- Canovision

Tuesday, July 8, 2008

L'attrait de John McCain

Les critiques contre John McCain fusent de partout ; en provenance de ses propres partisans républicains et même du réseau de télévision Fox, pourtant porte étendard de la droite américaine. On lui reproche ne pas être assez conservateur, de changer d’idées trop souvent (flip-floppeur), de ne pas savoir lire un téléprompteur, d’être mécanique et de manquer de sincérité. De plus, il hérite d’une colère collective à l’endroit de Georges W. Bush et de son administration des sept dernières années.

Le deux-tiers de la population souhaite une fin à la guerre en Iraq et le trois-quarts des Américains sont déçus de leur Président. Malgré cela, McCain a déclaré que les troupes américaines en Iraq y resteraient encore pendant plusieurs décennies. Sur le front économique, il déclarait ne pas entrevoir de difficultés il y a quelques mois pour admettre un peu plus tard qu’il ne s’y connaissait pas en économie. John McCain est de la génération précédant les baby-boomers et, pour plusieurs, il est trop vieux et forcément déconnecté des nouvelles générations. On croit même qu’il n’a jamais utilisé d’ordinateur de sa vie.

Alors, comment expliquer que des Américains - presque la moitié - le préfèrent à la "rock star" qu’est devenue Barack Obama ? Comment se fait-il que les Démocrates doivent se battre bec et ongles pour gagner l’élection en novembre ; élection qui aurait dû leur être assurée ?

John McCain est un politicien d'une grande droiture dont les années militaires au service de la nation lui ont mérité un respect incontesté. Personnage très sympathique, je me souviens de notre conversation au lendemain de son discours lors de la Convention républicaine de 2000 à Philadelphie. Encore amer de sa défaite et de la campagne négative menée par son adversaire Bush, il demeurait néanmoins loyal au parti, comme un bon soldat. Je me souviens aussi de l’admiration d’un grand nombre de démocrates qui, pas très emballés par la candidature d’Al Gore, se disaient prêts à voter pour le réformiste et batailleur John McCain.

Huit ans plus tard, John McCain n’est pas tout à fait le même candidat. Il a laissé tomber sa naïveté de l’époque mais continue de foncer mené par ses convictions. Le « straight talk Express » reste honnête. Il est le seul politicien qui a osé dire aux travailleurs du Michigan que plusieurs de leurs emplois étaient perdus à jamais et qu’ils devaient songer à se recycler dans d’autres domaines. Malgré l’impopularité de sa politique, il persiste à répéter ses intentions face à l’Iraq. Même Barack Obama, qui compte rapatrier les troupes en 16 mois, se laisse une marge de manœuvre au cas où la situation se détériorerait. Les Américains sont bien conscients que cette guerre est complexe et la moitié d’entre eux croient que John McCain prendra de meilleures décisions.

Comparé à l’énergétique et charismatique Barack Obama, John McCain est terne et sa démarche est plus lente. Mais au-delà de l’image, ses 72 ans n’inquiètent pas tout le monde. Après tout, Churchill était encore Premier ministre à 80 ans et Nelson Mandela avait 75 ans lorsqu’il est devenu Président de l’Afrique du Sud. Son âge est donc perçu plutôt positivement pour les électeurs qui souhaitent choisir un Président ayant de l’expérience politique tant au niveau national qu'à l’international.

L’opinion publique est presque unanime : les deux successeurs possibles à la Présidence se présentent à l’électorat avec infiniment plus de compétences que W. Bush. Même si les Démocrates s’évertuent à répéter qu’élire McCain équivaut à voter pour un troisième mandat de Bush, les Américains ne semblent pas tous de cet avis.

En fait, il est vrai que John McCain n’a jamais touché à un ordinateur. Cela ne veut pas dire qu’il soit complètement déconnecté puisqu' il n’est qu’à quelques points derrière Barak Obama dans les sondages. Qui aurait cru que les Républicains menaceraient de garder la Maison Blanche !

Catherine Cano - Canovision