(English text below)
« Il est 3 heures du matin et le téléphone sonne ». Non, ce n’est pas le message publicitaire de la campagne d’Hillary Clinton prétextant qu’elle est la seule à pouvoir gérer une crise internationale, ni celui de John McCain qui tire avantage de la situation en rappelant ses plus grandes années d’expériences. Non, cette fois, le téléphone sonne à la baraque militaire de "Camp Lejeune" en Caroline du Nord et Shane répond. Shane est le fils d’un couple d’amis et vient de quitter le sol américain en direction de Bagdad. Le téléphone était plutôt l'appel du réveil signifiant qu'il ne s’agissait pas cette fois d’un exercice de préparation, mais d'un véritable départ prévu deux heures plus tard.
Véronica, ma copine avait été brave jusqu’à maintenant, se réconciliant chaque jour avec l’idée que son fils Shane, allait aider son pays à se sortir du marasme. Mais ce matin, elle a le cœur gros. Shane sera en Iraq pendant les 15 prochains mois, et ce, si rien de grave ne lui arrive. Incapable de décrire tous les sentiments qui l’animent, elle est restée assise toute la journée, rivée à sa télévision à écouter le rapport du Général Patraeus, celui qui dirige la stratégie militaire américaine en Iraq. « La situation s’est améliorée mais tout est encore fragile et réversible », déclare-t-il. Il ajoute qu’il demande une pause de 45 jours pour évaluer s’ils seront en mesure de ramener d’autres troupes au pays après le retour des 5 premières brigades en juillet.
En colère contre le Président Bush, Véronica et Rick son mari sont inquiets. Inquiets du fait que les dirigeants actuels semblent incapables de voir une fin à la présence américaine en Iraq. Inquiets aussi de l’approche des successeurs à la présidence. Comme les deux tiers de la population, ils souhaitent un retrait des troupes le plus rapidement possible. Mais comme la majorité des gens, ils savent bien que ce retrait ne se fera pas en 60 jours comme le promet Hillary Clinton ou au rythme d’une brigade par mois comme le propose Barack Obama. Plusieurs experts diront que l’administration Bush, en attaquant l’Iraq en 2003, a sous-estimé la situation, d’autres iront jusqu’à dire qu’elle a volontairement ignoré le niveau de complexité des enjeux. Résultat : d’un côté, Al Quaida s’est installé et est devenu une force dans le pays et de l’autre le Général Patraeus affirme que l’Iran s’infiltre en finançant et formant les membres de groupes Chiites radicaux.
L’an dernier, le Congrès américain a voté en faveur de l'accroissement du nombre de soldats en Iraq dans le but de réduire la violence et permettre une réconciliation politique entre les partis en Iraq. La violence a diminué au cours des six derniers mois, mais la bataille violente de Basra et les attaques dans la zone verte, zone internationale la plus sécurisée de Bagdad, prouvent que cette diminution est bien précaire, avec un nombre de victimes qui atteint encore le même niveau inacceptable de 2005. On compte aujourd’hui plus de 4,000 soldats américains tués au combat et 30,000 blessés, en plus des dizaines et dizaines de milliers de victimes iraquiennes. Quant à la réconciliation politique, de l’aveu même de l’Ambassadeur américain en Iraq Ryan Crocker, certains efforts ont été faits, mais nous sommes loin de la coupe aux lèvres. Le Général Patraeus admet à son tour qu’il ne voit pas la lumière au bout du tunnel.
Si la récente bataille dans la ville de Basra et les manifestations dans les rues de Bagdad nous enseignent une chose, c’est que le gouvernement Maliki n’a pas le contrôle et est contesté. « We are succeeding » s’exclamait cette semaine le Sénateur républicain John McCain. « Nous ne sommes plus au bord du gouffre et la situation se rapproche de la normale » a-t-il ajouté. Selon le candidat, « Il serait irresponsable et imprudent de retirer les troupes. » Il est convaincu que la bataille à Basra constitue une victoire pour le gouvernement iraquien et les États-Unis. Or, la bataille de cette ville du Sud de l’Iraq n’était pas contre les forces d’Al-Quaida mais entre factions Chiites. Maliki, incapable d’affronter la force de la faction radicale Chiite de Muqtada al Sadr, a été forcé de demander un cessez-le feu.
En bref, après 5 années de guerre, l’armée iraquienne n’est toujours pas en mesure de prendre le contrôle et nous sommes encore loin de la réconciliation politique. La stratégie du Président Bush est un échec et la continuité de cette politique ne peut être que catastrophique. La force militaire américaine est à bout de souffle et de ressources, pendant que la force d’Al Quaida s’accroît en Afghanistan. Il n’y a plus de fonds dans la caisse américaine tandis que l’Iraq s’enrichit et accumule des surplus budgétaires grâce aux revenus pétroliers croissants.
Tout un héritage pour la ou le successeur de Georges W. Bush. John McCain souhaite continuer la politique de Bush et martèle que l’Iraq est un succès, un entêtement qui n'est pas sans rappeler celui du Président sortant. Il est juste de croire qu’il faudra plus de 60 jours pour sortir les Américains de ce bourbier. Mais même si l'échéancier du rapatriement des troupes n'est pas aussi rapide, Hillary Clinton et Barack Obama ont raison de penser qu' il faudra sortir de l'Iraq le plus intelligemment et le plus rapidement possible. Tout cela, en espérant que W. toujours aux commandes, ne déclenchera pas une autre guerre, cette fois avec l'Iran!
MESS IN IRAQ
« It is 3:00 am and the phone is ringing.” No, it is not Hillary Clinton’s campaign ad in which she suggests she is the only one ready to deal with an international crisis, nor the John McCain’s version of it highlighting his strongest experience in that matter. No, this time, the phone is ringing at the navy compound of Camp Lejeune in North Carolina and Shane is picking up the line. Shane is the son of our friends Rick and Veronica and he just left for Bagdad. The phone was telling him and his unit that this was not a drill, but there would be a departure in two hours time.
Véronica had put a brave face up to now believing as each day went by that her son was going to help clean the mess. But this morning her heart is sinking. Shane will be in Iraq for the next 15 months. Unable to describe the hundreds feelings she has, she sat all day watching on television the testimony of General Patraeus, the man in charge of the military efforts in Iraq: « There has been progress, but the situation remains fragile and reversible” he said adding that he needs a pause of 45 days before assessing if more troops will be allowed to head home.
Mad at President Bush, Véronica and Rick are worried. Worried that the current administration seems incapable to see an end in sight, and worried about the policies of the candidates seeking the presidency. Like two thirds of the Americans, my friends want the troops to come back as soon as possible. But like most people too, they know that the withdrawal will not happen in the first 60 days as Hillary Clinton promises nor at a speed of one brigade a month as suggested by Barack Obama.
Many experts have said that by attacking Iraq in 2003, Bush and his advisors under-estimated the situation. Others have criticized the administration for voluntarily ignoring the complexity of the issues at play. The result is two fold: Al-Quaida is now a force in the country and according to General Patraeus, Iran has been financing and training radical Shiites.
Last year, Congress voted in favor of the surge hoping it would help reduce the violence and allow for political reconciliation in Iraq. There has been a diminution of violence in the last 6 months, although it is still at the unacceptable level of 2005. And the recent fight in Basra and the repeated attacks in the secured green zone have proven that the situation is indeed fragile. As for the political reconciliation, the US Ambassador to Iraq Ryan Crocker, said there are some signs of progress but admitted there is still a long way to go. General Patraeus in turn, recognized there were no light at the end of the tunnel.
The fight in Basra and the heavy demonstrations in Bagdad has taught us one thing: the government of Maliki is not in control and is contested. « We are succeeding » insisted Senator John McCain this week adding: “We are no longer staring at the abyss of defeat, and we can now look ahead to the genuine prospect of succes ». According to the Republican candidate, withdrawing the troops now would be “irresponsible and reckless. » McCain almost sounds like he does not have a full understanding of what is going on. For instance, he is convinced that Maliki and therefore the US government won in Basra. First, it was not a fight against Al-Quaida but a fight between Shiites. Maliki, who provoked the confrontation, was not able to battle against the radical Shiite faction of Muqtada al Sadr. He had to retrieve and ask for a cease fire.
So, after 5 years of war, the Iraqi army is still unable to take control and we are far from political reconciliation. President Bush’s strategy has been a failure and pursuing the same policy would be catastrophic. This war is putting a heavy toll on the US military forces and resources as Al Quaida is gaining strength in Afghanistan. The Treasury’s coffers are empty and the US cannot afford a longer war while the Iraqis are accumulating surplus, thanks to the increase of oil revenues.
Quite a legacy to inherit! John McCain wishes to pursue Bush’s policy in Iraq hammering every chance he has that Iraq is a success; a stubbornness that reminds me of someone we know. Admittedly, it will take more than 60 days to get the US out of this mess but Hillary Clinton and Barack Obama are right to think that they need to get out as responsibly and rapidly as possible. Hopefully, W. Bush who is still in charge will not have time to start a new war, this time with Iran.
Catherine Cano - Canovision
Thursday, April 10, 2008
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2 comments:
Je vous trouve assez à gauche Mme cano... Mais vous avez raison, celle guère doit cesser...
Je reproche depuis le début aux médias québécois d'être ouvertement à gauche. D'ailleurs, il ne s'en cache même pas. Alors bye bye la rigueur journalistique. Le bien est du côté du Parti démocrate et le mal chez les républicains.
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