Hier soir, à moins de 6 jours de la primaire en Pennsylvanie, se tenait un débat entre les deux candidats démocrates à Philadelphie. Un débat à prime abord plutôt terne, aux questions prévisibles dont certaines même manquaient de pertinence. Le réseau de télévision ABC qui présentait l’échange entre Hillary Clinton et Barack Obama a consacré 45 minutes du temps alloué, soit la moitié du débat, à tourner autour des erreurs de parcours des candidats. Ironiquement, le sénateur Obama qui a tenté par tous les moyens de ramener le débat sur les enjeux de fond, a écopé du plus grand nombre d’interrogations sur des déclarations ou associations controversées. Que ce soit ses propos sur le niveau d’amertume des villageois frustrés par leurs situations financières, ou sa présence sur le même conseil d'administration qu’un ancien activiste accusé d’avoir mis des bombes au Pentagone il y a 40 ans, ou les paroles incendiaires du Révérend Wright, Obama est passé au crible. C’est à croire qu’ABC avait une mission.
Deux éléments importants ressortent de ce débat ; deux éléments qui font le point sur ce qui différencie les avancées des candidats. À chaque question sur une ou l’autre des erreurs, ou possibles erreurs de M. Obama, Mme Clinton n’a pas hésité à en remettre. Lorsqu’à son tour, elle dû répondre à ses fausses déclarations relatives à son voyage en Bosnie, M. Obama a refusé de porter un jugement se contentant d'affirmer que dans une campagne où chaque mot est enregistré, des erreurs se produisent et ce n’est qu’humain. Une réaction qui traduit bien l’approche stratégique et les discours divergents des deux campagnes.
Le deuxième constat est la rigidité et la fermeté avec laquelle Mme Clinton a répondu à chacune des questions concernant les politiques, que ce soit sur les taxes, l’Iraq ou l’Iran. Elle était sans nuances, déterminée à démontrer qu’elle avait déjà tout réfléchi et qu’elle était vraiment prête à mettre de l’avant ses politiques. Obama était tout au contraire plus prudent, moins tranchant se laissant une marge de manœuvre. Trois exemples : en Iraq, elle a promis qu’elle sortirait les États-Unis à tout prix tandis qu’Obama tient à rapatrier les troupes rapidement mais avec l’intention d’entendre les recommandations de ses officiers militaires. Puis, sur la question des taxes (impôts ou autres), Clinton promet qu’elle ne haussera pas celles de la classe moyenne mais Obama propose (à cause de la situation financière inquiétante des États-Unis –dette et autres) de revoir celles de ceux qui gagnent 97,000 dollars et plus. Sur une menace possible de l’Iran contre Israel, Clinton parle d’une attaque massive des États-Unis en représailles, mais Obama suggère une intervention sans la qualifier.
Bref, j’ai cru un moment que la sénatrice de New York était à son meilleur, articulée, précise et une adversaire solide encore en possession de ses moyens. Je la donnais donc gagnante. Mais à bien y penser, le sénateur de l’Illinois a offert des réponses laborieuses, mais plus viables. Son effort de demeurer réaliste est louable, surtout souhaitable pour les Américains qui ne méritent rien de moins.
Catherine Cano -Canovision
Wednesday, April 16, 2008
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