Les pancartes roulées étaient cachées dans un coin bien gardé du Centre Pepsi, où se tiendra la convention démocrate dès lundi. Un organisateur qui ne pouvait plus attendre, montre fièrement une des affiches sur laquelle est inscrit : Obama-Biden.
Joe Biden est officiellement le choix à la vice-présidence de Barack Obama. Le message est clair : Obama avait besoin de rassurer les Américains sur son manque d’expérience en s’associant avec un des politiciens les plus respectés en matière de sécurité nationale et de politique étrangère.
Le sénateur du Delaware né en Pennsylvanie et issu d'un milieu ouvrier et catholique, est un personnage d'une grande humilité. Étudiant brillant, il a gradué en droit avec honneur - « magna cum laude » - sauf pour sa classe de français, où son talent limité pour les langues ne lui a valu qu’un faible D.
Joe Biden a la réputation d’être un homme d’action qui compte plusieurs réalisations à son actif, particulièrement à titre de président de deux comités importants au sénat: celui des affaires étrangères et celui des affaires judiciaires. Il a une connaissance intrinsèque des rouages politiques à Washington; un atout important pour la campagne d’Obama.
Élu au sénat américain à 29 ans, Joe Biden n’a jamais hésité à dire ce qu’il pense et n’est pas ce qu’on appelle un « yes man ». Candidat à la présidence à deux reprises, il a plus d’une fois déclaré que Barack Obama n’était pas prêt à être président.
Les républicains n’ont pas perdu de temps. Aux petites heures du matin, une publicité montrant ces déclarations était apportée en main propre au studio de CNN. L’attaque est faible puisqu’Obama prouve qu’il a l’intelligence de bien s’entourer. Les républicains, qui depuis des semaines positionnent leur candidat comme celui qui a le plus d’expérience, viennent de perdre un argument de taille. Joe Biden avec ses 36 ans d’expérience en politique, en a dix de plus que John McCain.
L’équipe du candidat démocrate prouve par ce choix qu’ils font une bonne lecture de l’état d’esprit des Américains. Selon les récents sondages, ces derniers souhaitent toujours un changement en profondeur à Washington, mais ils croient également que le poste de président exige une grande maturité. Biden apporte cette qualité au ticket.
Les partisans d’Hillary Clinton sont bien déçus et l’ancienne candidate elle-même ne semble pas plus heureuse. Lorsqu’on lui a demandé hier soir si elle tenait encore au poste de vice-président, elle a répondu sèchement : « je n’ai jamais dis que j’étais intéressée. » Toute une convention en perspective !
Catherine Cano- Canovision
Saturday, August 23, 2008
Thursday, August 21, 2008
Et si c’était Hillary ?
Barack Obama est sur le point d'annoncer son choix à la vice-présidence et les noms qui circulent sont ceux de Joe Biden, Evan Bayh et Tim Kaine. Si un de ces candiats est choisi, cette nomination fera peu de vagues. Or, le parti qui semble déterminé à s'auto-détruire, a besoin d'un bon coup. Pas plus tard qu'hier, je m’interrogeais sur tout ce bruit autour des tensions et des divisions au sein du parti démocrate. Je me questionnais : "Et si tout cela n’avait tout simplement pas été orchestré pour nous permettre d’être témoins d’un coup de théâtre extraordinaire à la convention démocrate?" Il m’apparaît difficile de croire que ce manque de discipline chez les démocrates soit admis, considérant surtout l’aspect crucial de cette élection pour le parti.
Choisir Hillary Clinton comme colistière relèverait du vrai coup de théâtre. Chose certaine, cette annonce changerait radicalement l’allure de la convention, redonnerait une vie à une campagne en perte de vitesse et surtout animerait la population en quête d’un sauveur; et ce pour plusieurs raisons.
D’abord, cette association unirait toutes les troupes démocrates. Les femmes encore déçues rejoindraient les rangs et les travailleurs incertains de l’empathie d’Obama retrouveraient la connexion qui leur manquait. Les États de la Pennsylvanie, de l’Ohio, ceux entourant les Appalaches, et ceux de l’Ouest où Hillary et Bill sont grandement respectés, applaudiraient cette décision. Et c’est sans parler de la Floride où les électeurs avaient majoritairement favorisé Hillary lors des primaires.
Mais qu’arrive-t-il de tous les arguments sur lesquels plusieurs s’appuyaient pour rejeter cette option ? Il y a deux mois la situation était différente. La récent conflit entre la Russie et la Georgie rappelle aux Américains que les questions de sécurité nationale demeurent importantes. Ils souhaitent une approche plus internationaliste de leur Président, mais exigent que ce dernier détienne une expérience incontestée et sache naviguer dans les méandres politiques de Washington. Or, la tournée victorieuse d’Obama au Moyen-Orient et en Europe n’a pas eu l’impact souhaité. Par contre, sa déclaration mitigée sur la crise en Georgie, lancée presque sur le bord d’une plage à Hawaï, n’a rien fait pour convaincre la population qu’il a l’étoffe nécessaire pour le poste qu’il convoite.
Par ailleurs, mon ami Jep, un ancien conseiller du Sénateur Gary Hart avec qui je prenais un café ce matin, m’expliquait que Barack Obama ne fait pas face à Georges Bush. Les citoyens réalisent bien que ce dernier n’est pas candidat aux élections et juge que John McCain, pour qui ils ont un grand respect, est en mesure de faire face à de telles situations. Mais la position de McCain sur l’intervention américaine en Iraq et son intention d’y garder les troupes, a également entraîné un questionnement sur son jugement. Une équipe Obama-Clinton représenterait à la fois le bon jugement et l’expérience. Cette double force rendrait McCain plus vulnérable.
Par ailleurs, le candidat républicain s’avère un adversaire redoutable et son parti ne ménage rien pour attaquer Obama en ayant recours aux pires méthodes négatives. Les sondages montrent que cette tactique n’est pas sans impact puisque le Sénateur de l’Illinois a perdu son avance. Hillary qui n’a pas froid aux yeux, serait un atout dans l’affrontement contre McCain et les Républicains. Elle pourrait s’en prendre à McCain sur le même ton, pendant qu’Obama garderait ses distances en continuant de marteler les changements politiques qu’il compte apporter comme Président.
Pour Hillary Clinton, être numéro deux signifie exercer une influence certaine auprès de la présidence. Al Gore et Dick Cheney ont redéfini le rôle de la vice-présidence en lui attribuant un plus grand pouvoir. Hillary Clinton est une femme brillante et travailleuse qui apporterait intelligence et aplomb à l’administration Obama.
Combien de fois a-t-on répété que Barack Obama et Hillary Clinton formerait une véritable équipe de rêve? Peut-être y avait-il une bonne raison ? Quand on regarde la liste des candidats pour ce poste de vice-président, aucun ne présente une fiche parfaite. Mme Clinton a commis des erreurs pendant sa campagne à l’investiture démocrate et plusieurs n’ont pas apprécié ses méthodes. Mais son programme était colossal et personne n’a jamais douté de sa capacité à diriger le pays.
Ah oui, il y a une autre chose que je ne voudrais pas oublier. L’annonce du colistier ou de la colistière se fera en Illinois; l’État qu’Obama représente au Sénat américain, mais aussi l’État où Hillary est née et où elle a grandi. Un hasard vous me direz… peut-être!
Catherine Cano - Canovision
Choisir Hillary Clinton comme colistière relèverait du vrai coup de théâtre. Chose certaine, cette annonce changerait radicalement l’allure de la convention, redonnerait une vie à une campagne en perte de vitesse et surtout animerait la population en quête d’un sauveur; et ce pour plusieurs raisons.
D’abord, cette association unirait toutes les troupes démocrates. Les femmes encore déçues rejoindraient les rangs et les travailleurs incertains de l’empathie d’Obama retrouveraient la connexion qui leur manquait. Les États de la Pennsylvanie, de l’Ohio, ceux entourant les Appalaches, et ceux de l’Ouest où Hillary et Bill sont grandement respectés, applaudiraient cette décision. Et c’est sans parler de la Floride où les électeurs avaient majoritairement favorisé Hillary lors des primaires.
Mais qu’arrive-t-il de tous les arguments sur lesquels plusieurs s’appuyaient pour rejeter cette option ? Il y a deux mois la situation était différente. La récent conflit entre la Russie et la Georgie rappelle aux Américains que les questions de sécurité nationale demeurent importantes. Ils souhaitent une approche plus internationaliste de leur Président, mais exigent que ce dernier détienne une expérience incontestée et sache naviguer dans les méandres politiques de Washington. Or, la tournée victorieuse d’Obama au Moyen-Orient et en Europe n’a pas eu l’impact souhaité. Par contre, sa déclaration mitigée sur la crise en Georgie, lancée presque sur le bord d’une plage à Hawaï, n’a rien fait pour convaincre la population qu’il a l’étoffe nécessaire pour le poste qu’il convoite.
Par ailleurs, mon ami Jep, un ancien conseiller du Sénateur Gary Hart avec qui je prenais un café ce matin, m’expliquait que Barack Obama ne fait pas face à Georges Bush. Les citoyens réalisent bien que ce dernier n’est pas candidat aux élections et juge que John McCain, pour qui ils ont un grand respect, est en mesure de faire face à de telles situations. Mais la position de McCain sur l’intervention américaine en Iraq et son intention d’y garder les troupes, a également entraîné un questionnement sur son jugement. Une équipe Obama-Clinton représenterait à la fois le bon jugement et l’expérience. Cette double force rendrait McCain plus vulnérable.
Par ailleurs, le candidat républicain s’avère un adversaire redoutable et son parti ne ménage rien pour attaquer Obama en ayant recours aux pires méthodes négatives. Les sondages montrent que cette tactique n’est pas sans impact puisque le Sénateur de l’Illinois a perdu son avance. Hillary qui n’a pas froid aux yeux, serait un atout dans l’affrontement contre McCain et les Républicains. Elle pourrait s’en prendre à McCain sur le même ton, pendant qu’Obama garderait ses distances en continuant de marteler les changements politiques qu’il compte apporter comme Président.
Pour Hillary Clinton, être numéro deux signifie exercer une influence certaine auprès de la présidence. Al Gore et Dick Cheney ont redéfini le rôle de la vice-présidence en lui attribuant un plus grand pouvoir. Hillary Clinton est une femme brillante et travailleuse qui apporterait intelligence et aplomb à l’administration Obama.
Combien de fois a-t-on répété que Barack Obama et Hillary Clinton formerait une véritable équipe de rêve? Peut-être y avait-il une bonne raison ? Quand on regarde la liste des candidats pour ce poste de vice-président, aucun ne présente une fiche parfaite. Mme Clinton a commis des erreurs pendant sa campagne à l’investiture démocrate et plusieurs n’ont pas apprécié ses méthodes. Mais son programme était colossal et personne n’a jamais douté de sa capacité à diriger le pays.
Ah oui, il y a une autre chose que je ne voudrais pas oublier. L’annonce du colistier ou de la colistière se fera en Illinois; l’État qu’Obama représente au Sénat américain, mais aussi l’État où Hillary est née et où elle a grandi. Un hasard vous me direz… peut-être!
Catherine Cano - Canovision
Wednesday, August 20, 2008
Fini les vacances !
Les camions satellites des réseaux de télévision sont arrivés et l’analyste vedette de CNN, Bill Schneider, se promène avec son autobus dans tout Denver. Les équipes de construction en train de transformer l’aréna de hockey de l’Avalanche se relaient jours et nuits, et les entreprises de taxi déjà en ligne à l’aéroport, salivent à la pensée de voir débarquer des milliers de visiteurs démocrates.
De l’autre côté de la ville, les réunions du comité organisateur de la convention démocrate se multiplient. En parlant à un de mes contacts responsable du déroulement des quatre jours de cette convention, j'ai senti une inquiétude. Le gouverneur, le maire et les co-présidents de campagne communiquent entre eux pratiquement à toutes les heures. Combien de partisans d’Hillary auront des enseignes, porteront des macarons de leur héroïne, scanderont son nom, et voteront – même symboliquement pour elle, se demandent-ils ? On craint que le mécontentement et les divisions au sein des troupes, donnent de l'eau au moulin aux manifestants déterminés à se faire entendre.
Ils ont des raisons de s' inquiéter. Bill Clinton a refusé de dire qu'Obama avait les aptitudes pour gouverner. Et puis Hillary n'a pas dissuadé ses troupes, qui brandissaient la menace de voter pour McCain si elle n’était pas inscrite sur le bulletin de vote au même titre que son ancien rival. Enfin, les membres du « groupe de Denver » et du groupe appelé « PUMA » (Party unity my ass) signent des pétitions, donnent des entrevues et accusent leur propre parti d’être anti-démocratique. S’agit-il d’un suicide collectif ? Est-ce que ces centaines de Démocrates préfèrent laisser le pouvoir de la Présidence au parti Républicain ?
Et si tout cela était orchestré ? Et si Hillary Clinton, dans un coup de théâtre mardi lors de son discours, s’écriait devant tous qu’elle ne souhaite plus que son nom soit sur le bulletin de vote, qu’elle et ses partisans ont accompli leur mission immortalisant ce moment historique de sa « presque » nomination ? Impossible diront les journalistes convaincus au contraire que ça va chauffer. On entend dire que la moitié de la Chambre des représentants voterait pour Hillary et les médias interviewent heure après heure des partisans de Clinton insatisfaits de la performance d’Obama depuis un mois. Le candidat semble même avoir perdu sa passion depuis son retour d’Europe.
L’équipe d’Obama, jusqu’à présent exceptionnellement brillante, aurait-elle soudainement perdue pied ? Ou s’agit-il d’une stratégie pour diminuer les attentes devenues définitivement trop hautes envers Obama? Un ami politicien me rappelait une règle importante hier. Un parti politique n’aime jamais être trop en avance dans les sondages la veille d’une campagne électorale.
Et puis, c’est l’été et il y a un mois les Américains étaient saturés de nouvelles politiques et se disaient fatigués de la trop large couverture médiatique accordée à Obama. Ils se sont donc réfugiés dans l’écoute des Jeux olympiques. Mais dimanche, ce sera la fin des compétitions et pour les Démocrates, cela signifie la fin des vacances. Est-ce que le manque de discipline et la dissidence trop évidente au sein du parti n’est qu’une tactique pour endormir John McCain et les médias? Je ne serais pas surprise d'être témoin la semaine prochaine du plus puissant des spectacles politiques ; un moment historique incomparable susceptible de faire regretter à plusieurs leurs prédictions. Chose certaine, Barack Obama n'a pas encore dit son dernier mot.
Catherine Cano - Canovision
De l’autre côté de la ville, les réunions du comité organisateur de la convention démocrate se multiplient. En parlant à un de mes contacts responsable du déroulement des quatre jours de cette convention, j'ai senti une inquiétude. Le gouverneur, le maire et les co-présidents de campagne communiquent entre eux pratiquement à toutes les heures. Combien de partisans d’Hillary auront des enseignes, porteront des macarons de leur héroïne, scanderont son nom, et voteront – même symboliquement pour elle, se demandent-ils ? On craint que le mécontentement et les divisions au sein des troupes, donnent de l'eau au moulin aux manifestants déterminés à se faire entendre.
Ils ont des raisons de s' inquiéter. Bill Clinton a refusé de dire qu'Obama avait les aptitudes pour gouverner. Et puis Hillary n'a pas dissuadé ses troupes, qui brandissaient la menace de voter pour McCain si elle n’était pas inscrite sur le bulletin de vote au même titre que son ancien rival. Enfin, les membres du « groupe de Denver » et du groupe appelé « PUMA » (Party unity my ass) signent des pétitions, donnent des entrevues et accusent leur propre parti d’être anti-démocratique. S’agit-il d’un suicide collectif ? Est-ce que ces centaines de Démocrates préfèrent laisser le pouvoir de la Présidence au parti Républicain ?
Et si tout cela était orchestré ? Et si Hillary Clinton, dans un coup de théâtre mardi lors de son discours, s’écriait devant tous qu’elle ne souhaite plus que son nom soit sur le bulletin de vote, qu’elle et ses partisans ont accompli leur mission immortalisant ce moment historique de sa « presque » nomination ? Impossible diront les journalistes convaincus au contraire que ça va chauffer. On entend dire que la moitié de la Chambre des représentants voterait pour Hillary et les médias interviewent heure après heure des partisans de Clinton insatisfaits de la performance d’Obama depuis un mois. Le candidat semble même avoir perdu sa passion depuis son retour d’Europe.
L’équipe d’Obama, jusqu’à présent exceptionnellement brillante, aurait-elle soudainement perdue pied ? Ou s’agit-il d’une stratégie pour diminuer les attentes devenues définitivement trop hautes envers Obama? Un ami politicien me rappelait une règle importante hier. Un parti politique n’aime jamais être trop en avance dans les sondages la veille d’une campagne électorale.
Et puis, c’est l’été et il y a un mois les Américains étaient saturés de nouvelles politiques et se disaient fatigués de la trop large couverture médiatique accordée à Obama. Ils se sont donc réfugiés dans l’écoute des Jeux olympiques. Mais dimanche, ce sera la fin des compétitions et pour les Démocrates, cela signifie la fin des vacances. Est-ce que le manque de discipline et la dissidence trop évidente au sein du parti n’est qu’une tactique pour endormir John McCain et les médias? Je ne serais pas surprise d'être témoin la semaine prochaine du plus puissant des spectacles politiques ; un moment historique incomparable susceptible de faire regretter à plusieurs leurs prédictions. Chose certaine, Barack Obama n'a pas encore dit son dernier mot.
Catherine Cano - Canovision
Tuesday, August 19, 2008
À 6 jours de la convention démocrates
Entrevue avec Isabelle Maréchal au 98,5 fm le 19 août
http://www.985fm.ca/mp3player.php?mp3=168793.mp3
http://www.985fm.ca/mp3player.php?mp3=168793.mp3
Friday, August 15, 2008
Rendez-vous historique à Denver*
Plus de 3 000 détenus de Denver ont quitté leurs cellules au cours des derniers mois. Non, la ville n’est pas redevenue un bled perdu du Colorado où les chasseurs de primes font la loi, comme à l’époque de la ruée vers l’or ! Ces prisonniers ont simplement été transférés pour faire de la place en cas d’arrestations massives pendant la convention démocrate, qui se tiendra du 25 au 28 août.
Denver, belle ville blottie dans les Rocheuses (à un mille d’altitude, d’où son surnom de « Mile High City »), accueillera en effet un rassemblement politique historique, qui consacrera le premier candidat noir à la présidence des États-Unis. Et on craint que de nombreux manifestants ne viennent perturber l’une ou l’autre des 1 500 réceptions (!) prévues et, surtout, les discours, qui s’étaleront sur quatre jours. Des dizaines de milliers de représentants de diverses organisations, pacifistes pour la plupart, s’apprêtent à planter leurs tentes dans des parcs, non loin de l’aréna de l’équipe de hockey l’Avalanche, où se déroulera le congrès.
Un groupe appelé Recreate ’68, opposé à la guerre en Irak, a annoncé son intention de s’inspirer du mouvement de protestation contre la guerre au Viêt Nam, qui a perturbé la convention démocrate de Chicago, en 1968. Les porte-parole ne cachent pas qu’il pourrait y avoir de la violence si les activistes se sentent provoqués par la police.
Ce congrès sera historique à plus d’un titre. Barack Obama présentera son discours d’investiture au Stade Invesco, immense terrain de jeu des Broncos, l’équipe de football de la NFL. Un seul autre candidat présidentiel a fait son discours d’investiture dans un stade de football : le mythique John F. Kennedy, à Los Angeles, en 1960. L’auditoire sera impressionnant — le stade compte 76 000 places — et le symbole puissant : le 28 août marquera le 45e anniversaire du célèbre discours « I Have a Dream », prononcé par Martin Luther King à Washington, en 1963.
À deux semaines ou presque du grand jour, la ville de 2,5 millions d’habitants, en comptant les banlieues — presque autant que l’agglomération montréalaise —, a perdu ses allures tranquilles. Les chambres d’hôtel sont toutes réservées, on doit faire la queue pour obtenir une place dans un resto du centre-ville et certaines rues sont déjà fermées à la circulation. Plus de 50 000 visiteurs sont attendus.
Les commerçants ont bien l’intention de profiter de la manne. Le « LoDo », comme on surnomme le lower downtown (basse ville), fourmille déjà d’activités. Dans la 16e Rue, artère piétonnière qui traverse Denver, le grand magasin de souvenirs Wild West déborde d’articles rappelant l’histoire de l’Ouest, du chapeau aux bottes de cowboy en passant par un caillou qui imite une pépite d’or ! « Welcome to Denver ! » me dit Tom Noel, 64 ans. Professeur d’histoire à l’Université du Colorado, il a écrit une trentaine de livres sur cet État qui doit son nom — « coloré », en espagnol — à son sable et à ses magnifiques rochers rouges. Attablé au resto Baur, au centre-ville, Tom Noel rappelle que Denver est née à l’époque du Klondike, grâce à ses mines d’or et d’argent. Après avoir été connue pour ses saloons et longtemps désignée comme la « cowtown » de l’Ouest, elle est aujourd’hui une ville moderne, qui vante son architecture avant-gardiste (dont celle du Musée des beaux-arts, signée Daniel Libeskind), son savoir-faire en biotechnologie et en médecine… Le Colorado revendique même la paternité des sandales Crocs — mais les Québécois, eux, savent qu’elles sont nées chez eux et ont été vendues à des Américains ! « Denver possède le sixième aéroport en importance aux États-Unis. Et on y trouve de nombreux consulats, dont celui du Canada », ajoute Tom Noel.
Denver compte bien profiter de ces quatre jours pour se donner une envergure internationale. D’autant que quelque 600 représentants des gouvernements de 100 pays y sont attendus. Et que les médias seront présents en masse pour assurer la couverture du sacre d’Obama : plus de 15 000 accréditations ont été délivrées à des journalistes, réalisateurs, caméramans, etc.
Le choix de Denver n’est pas anodin de la part des démocrates…
Au Colorado, plus du tiers des électeurs se disent sans réels liens politiques, soit autant que le pourcentage de partisans démocrates (34 %) ou de républicains (31 %). Si le candidat à la présidence John Kerry avait obtenu les 19 votes des États du Colorado, du Nevada et du Nouveau-Mexique, en 2004, il aurait été élu à la place de George W. Bush. Mais il n’a pas su séduire ces électeurs indépendants. Cette fois, le parti les courtise énergiquement, encouragé par le fait qu’ils ont voté majoritairement pour des candidats démocrates aux élections de mi-mandat, en 2006.
Le thème de ces quatre jours sera la démocratie. Les démocrates désirent profiter de l’occasion pour redonner aux États-Unis leur notoriété d’autrefois, après les années sombres de l’administration Bush. De nombreux séminaires seront dirigés par Madeleine Albright, secrétaire d’État dans le gouvernement de Bill Clinton. Par ailleurs, une exposition, dans le stationnement du Stade Invesco, reconstituera le Bureau ovale du président et présentera aussi des objets ayant appartenu à d’anciens locataires de la Maison-Blanche.
Sans conteste, les organisateurs voient grand. Ils ont la prétention de préparer l’assemblée d’investiture la plus « verte » de l’histoire. General Motors, commanditaire officiel, fournira aux 3 000 chauffeurs bénévoles chargés d’assurer le transport des délégués et autres invités de marque des véhicules hybrides ou roulant à l’éthanol. Lequel éthanol sera fait à partir des rejets de fabrication des bières Coors. Par ailleurs, 1 000 bicyclettes seront mises gratuitement à la disposition des 5 000 délégués. Et l’utilisation des transports en commun sera fortement encouragée. Le plan, qui comprend 10 points principaux, est ambitieux.
Katherine Archuleta, conseillère principale du maire John Hickenlooper, ne dort pas beaucoup ces temps-ci. Son patron est le « collecteur de fonds en chef » de la convention. Et le comité responsable des commandites peine à trouver les 50 millions de dollars nécessaires à la tenue du congrès. Le jour de notre rencontre, au début de juillet, il manquait encore 20 millions... Du coup, on a dû annuler certaines activités, dont les deux douzaines de fêtes d’ouverture des délégations des différents États.
Katherine Archuleta n’est pas la seule à mal dormir. Depuis des semaines déjà, vers 2 h du matin, les habitants de Denver sont réveillés plusieurs nuits par semaine par le bruit des hélicoptères qui survolent la région à basse altitude. Après le 11 septembre 2001, la sécurité lors des grands rassemblements a été maximisée. Et la décision de Barack Obama de prononcer son discours d’investiture devant un public aussi vaste crée des inquiétudes supplémentaires. Les Américains ne sont pas sans penser aux assassinats de John F. Kennedy et de Martin Luther King...
Les habitants de Denver sont enthousiastes à la veille de la convention : pas moins de 22 000 bénévoles sont déjà inscrits à l’un des innombrables comités. Mais d’autres sont moins ravis. Au point qu’une agence de voyages de Denver a organisé la « grande escapade », un tour du Colorado en autocar d’une durée de six jours. Elle compte bien que quelques centaines de personnes préféreront fuir l’avalanche de politiciens, les fêtards et l’interminable trafic !
Catherine Cano - Canovision
* Article publié dans la revue l'Actualité - septembre 2008
Denver, belle ville blottie dans les Rocheuses (à un mille d’altitude, d’où son surnom de « Mile High City »), accueillera en effet un rassemblement politique historique, qui consacrera le premier candidat noir à la présidence des États-Unis. Et on craint que de nombreux manifestants ne viennent perturber l’une ou l’autre des 1 500 réceptions (!) prévues et, surtout, les discours, qui s’étaleront sur quatre jours. Des dizaines de milliers de représentants de diverses organisations, pacifistes pour la plupart, s’apprêtent à planter leurs tentes dans des parcs, non loin de l’aréna de l’équipe de hockey l’Avalanche, où se déroulera le congrès.
Un groupe appelé Recreate ’68, opposé à la guerre en Irak, a annoncé son intention de s’inspirer du mouvement de protestation contre la guerre au Viêt Nam, qui a perturbé la convention démocrate de Chicago, en 1968. Les porte-parole ne cachent pas qu’il pourrait y avoir de la violence si les activistes se sentent provoqués par la police.
Ce congrès sera historique à plus d’un titre. Barack Obama présentera son discours d’investiture au Stade Invesco, immense terrain de jeu des Broncos, l’équipe de football de la NFL. Un seul autre candidat présidentiel a fait son discours d’investiture dans un stade de football : le mythique John F. Kennedy, à Los Angeles, en 1960. L’auditoire sera impressionnant — le stade compte 76 000 places — et le symbole puissant : le 28 août marquera le 45e anniversaire du célèbre discours « I Have a Dream », prononcé par Martin Luther King à Washington, en 1963.
À deux semaines ou presque du grand jour, la ville de 2,5 millions d’habitants, en comptant les banlieues — presque autant que l’agglomération montréalaise —, a perdu ses allures tranquilles. Les chambres d’hôtel sont toutes réservées, on doit faire la queue pour obtenir une place dans un resto du centre-ville et certaines rues sont déjà fermées à la circulation. Plus de 50 000 visiteurs sont attendus.
Les commerçants ont bien l’intention de profiter de la manne. Le « LoDo », comme on surnomme le lower downtown (basse ville), fourmille déjà d’activités. Dans la 16e Rue, artère piétonnière qui traverse Denver, le grand magasin de souvenirs Wild West déborde d’articles rappelant l’histoire de l’Ouest, du chapeau aux bottes de cowboy en passant par un caillou qui imite une pépite d’or ! « Welcome to Denver ! » me dit Tom Noel, 64 ans. Professeur d’histoire à l’Université du Colorado, il a écrit une trentaine de livres sur cet État qui doit son nom — « coloré », en espagnol — à son sable et à ses magnifiques rochers rouges. Attablé au resto Baur, au centre-ville, Tom Noel rappelle que Denver est née à l’époque du Klondike, grâce à ses mines d’or et d’argent. Après avoir été connue pour ses saloons et longtemps désignée comme la « cowtown » de l’Ouest, elle est aujourd’hui une ville moderne, qui vante son architecture avant-gardiste (dont celle du Musée des beaux-arts, signée Daniel Libeskind), son savoir-faire en biotechnologie et en médecine… Le Colorado revendique même la paternité des sandales Crocs — mais les Québécois, eux, savent qu’elles sont nées chez eux et ont été vendues à des Américains ! « Denver possède le sixième aéroport en importance aux États-Unis. Et on y trouve de nombreux consulats, dont celui du Canada », ajoute Tom Noel.
Denver compte bien profiter de ces quatre jours pour se donner une envergure internationale. D’autant que quelque 600 représentants des gouvernements de 100 pays y sont attendus. Et que les médias seront présents en masse pour assurer la couverture du sacre d’Obama : plus de 15 000 accréditations ont été délivrées à des journalistes, réalisateurs, caméramans, etc.
Le choix de Denver n’est pas anodin de la part des démocrates…
Au Colorado, plus du tiers des électeurs se disent sans réels liens politiques, soit autant que le pourcentage de partisans démocrates (34 %) ou de républicains (31 %). Si le candidat à la présidence John Kerry avait obtenu les 19 votes des États du Colorado, du Nevada et du Nouveau-Mexique, en 2004, il aurait été élu à la place de George W. Bush. Mais il n’a pas su séduire ces électeurs indépendants. Cette fois, le parti les courtise énergiquement, encouragé par le fait qu’ils ont voté majoritairement pour des candidats démocrates aux élections de mi-mandat, en 2006.
Le thème de ces quatre jours sera la démocratie. Les démocrates désirent profiter de l’occasion pour redonner aux États-Unis leur notoriété d’autrefois, après les années sombres de l’administration Bush. De nombreux séminaires seront dirigés par Madeleine Albright, secrétaire d’État dans le gouvernement de Bill Clinton. Par ailleurs, une exposition, dans le stationnement du Stade Invesco, reconstituera le Bureau ovale du président et présentera aussi des objets ayant appartenu à d’anciens locataires de la Maison-Blanche.
Sans conteste, les organisateurs voient grand. Ils ont la prétention de préparer l’assemblée d’investiture la plus « verte » de l’histoire. General Motors, commanditaire officiel, fournira aux 3 000 chauffeurs bénévoles chargés d’assurer le transport des délégués et autres invités de marque des véhicules hybrides ou roulant à l’éthanol. Lequel éthanol sera fait à partir des rejets de fabrication des bières Coors. Par ailleurs, 1 000 bicyclettes seront mises gratuitement à la disposition des 5 000 délégués. Et l’utilisation des transports en commun sera fortement encouragée. Le plan, qui comprend 10 points principaux, est ambitieux.
Katherine Archuleta, conseillère principale du maire John Hickenlooper, ne dort pas beaucoup ces temps-ci. Son patron est le « collecteur de fonds en chef » de la convention. Et le comité responsable des commandites peine à trouver les 50 millions de dollars nécessaires à la tenue du congrès. Le jour de notre rencontre, au début de juillet, il manquait encore 20 millions... Du coup, on a dû annuler certaines activités, dont les deux douzaines de fêtes d’ouverture des délégations des différents États.
Katherine Archuleta n’est pas la seule à mal dormir. Depuis des semaines déjà, vers 2 h du matin, les habitants de Denver sont réveillés plusieurs nuits par semaine par le bruit des hélicoptères qui survolent la région à basse altitude. Après le 11 septembre 2001, la sécurité lors des grands rassemblements a été maximisée. Et la décision de Barack Obama de prononcer son discours d’investiture devant un public aussi vaste crée des inquiétudes supplémentaires. Les Américains ne sont pas sans penser aux assassinats de John F. Kennedy et de Martin Luther King...
Les habitants de Denver sont enthousiastes à la veille de la convention : pas moins de 22 000 bénévoles sont déjà inscrits à l’un des innombrables comités. Mais d’autres sont moins ravis. Au point qu’une agence de voyages de Denver a organisé la « grande escapade », un tour du Colorado en autocar d’une durée de six jours. Elle compte bien que quelques centaines de personnes préféreront fuir l’avalanche de politiciens, les fêtards et l’interminable trafic !
Catherine Cano - Canovision
* Article publié dans la revue l'Actualité - septembre 2008
Friday, August 8, 2008
Le pouvoir des Clinton
À deux semaines de la convention démocrate et de la nomination officielle de Barack Obama comme candidat à la présidence, les doutes sur l’unité du parti refont surface. Même si la majorité des partisans d’Hillary Clinton se sont rangés du côté du Sénateur de l’Illinois, un bon nombre, réunis sous le nom du «groupe de Denver », continue de propager son mécontentement. Ces Démocrates tiennent à ce que le nom d'Hillary Clinton soit sur le bulletin de vote afin qu'il s'inscrive à jamais dans l’histoire américaine, pour bien se rappeler que pour la première fois, une femme à presque remporter la nomination d'un parti. Mais l’intention est plus que symbolique. C’est aussi l’occasion de donner une dernière chance aux délégués de changer d’idée.
Pour Barack Obama, ce scénario est cauchemardesque. Tout doit être sous contrôle pendant la convention. Permettre à ce groupe et à d’autres délégués encore amers par la défaite d’Hillary de prendre un tel pouvoir, est définitivement trop risqué. Risqué parce qu’il arrive à un moment où Obama perd de la crédibilité aux yeux du public face à son adversaire. Les attaques multipliées des Républicains depuis quelques semaines ont ébranlé la force de la candidature d’Obama dans plusieurs régions baromètres du pays. Dans les coulisses démocrates, on considère qu’Hillary aurait été plus apte à faire face aux critiques de McCain. On ne pourrait pas lui reprocher de manquer d’expérience et de se prendre pour « Dieu- le Sauveur », comme plusieurs ont caricaturé Obama après son discours prononcé devant une foule de 200,000 personnes en adoration à Berlin.
Le pire ennemi d’Obama n’est pas McCain ni le parti républicain. Pour la première fois depuis juin, depuis la fameuse scène à Unity au New Hampshire où Clinton et Obama ont uni officiellement leur force, Hillary a fait campagne pour son ancien rival cette semaine. Bien qu'elle lui ait fait rencontrer ses bailleurs de fonds, et que Bill ait eu une conversation qu’il a qualifiée de « très bonne » avec le vainqueur des primaires, depuis deux mois, les Clinton se sont plutôt fait discrets auprès de l’électorat américain. Ils sont plus bavards auprès de ceux qui leur restent loyaux. Lors d’un « chat » sur Internet avec ses partisans, Hillary a jeté de l’huile sur le feu. Selon elle, les 18 millions de démocrates qui l’ont appuyé doivent avoir le clair sentiment d’avoir été entendus et elle refuse de s’opposer à la proposition de mettre son nom sur le bulletin de vote lors de la convention.
Jusqu’à présent, l’équipe d’Obama ne voyait pas d’inconvénient à la discrétion des Clinton cet été. On sait que les Républicains ont des publicités toutes prêtes qui mettront l’accent sur les déclarations de Bill et Hillary contre Barack Obama pendant les primaires. Vous vous rappelez certainement de cette phrase d’Hillary disant que John McCain avait plus d’expérience en matière de sécurité nationale et qu’il était davantage prêt à gouverner qu’Obama. Des montages vidéo circulent depuis déjà un bon moment sur Youtube et la capacité des Républicains d’utiliser ce matériel efficacement ne fait pas de doutes. Tout en reconnaissant la nécessité d’avoir recours au populaire Bill et à l’influente Hillary, la campagne du jeune Sénateur de l’Illinois espérait garder les Clinton hors du radar aussi longtemps que possible et activer leurs forces sur le champ de bataille subtilement sans tambours ni trompettes. Entre-temps, le plan était d’offrir à Hillary et à Bill leur moment de gloire pendant la convention, rassurer les délégués encore déçus et montrer avec une vigueur incontestée l’unité du parti derrière Barack Obama.
Mais tout cela risque de déraper. Par leur encouragement à poursuivre le débat pendant la convention, les Clinton vont finir par mettre Barack Obama au pied du mur. Le risque est trop grand pour les Démocrates et les enjeux trop importants pour le pays. Les Clinton détiennent le pouvoir d’assurer la prochaine présidence à leur parti, ou de miner le leadership d’Obama. Plusieurs croient qu’ils sont trop conscients de l’importance de leur héritage dans l’histoire pour saboter les chances de reprendre la Maison Blanche en 2008. D’autres sont plus cyniques et personne n’est dupe : le mouvement pour la campagne d’Hillary en 2012, est déjà entamé.
Catherine Cano - Canovision
Pour Barack Obama, ce scénario est cauchemardesque. Tout doit être sous contrôle pendant la convention. Permettre à ce groupe et à d’autres délégués encore amers par la défaite d’Hillary de prendre un tel pouvoir, est définitivement trop risqué. Risqué parce qu’il arrive à un moment où Obama perd de la crédibilité aux yeux du public face à son adversaire. Les attaques multipliées des Républicains depuis quelques semaines ont ébranlé la force de la candidature d’Obama dans plusieurs régions baromètres du pays. Dans les coulisses démocrates, on considère qu’Hillary aurait été plus apte à faire face aux critiques de McCain. On ne pourrait pas lui reprocher de manquer d’expérience et de se prendre pour « Dieu- le Sauveur », comme plusieurs ont caricaturé Obama après son discours prononcé devant une foule de 200,000 personnes en adoration à Berlin.
Le pire ennemi d’Obama n’est pas McCain ni le parti républicain. Pour la première fois depuis juin, depuis la fameuse scène à Unity au New Hampshire où Clinton et Obama ont uni officiellement leur force, Hillary a fait campagne pour son ancien rival cette semaine. Bien qu'elle lui ait fait rencontrer ses bailleurs de fonds, et que Bill ait eu une conversation qu’il a qualifiée de « très bonne » avec le vainqueur des primaires, depuis deux mois, les Clinton se sont plutôt fait discrets auprès de l’électorat américain. Ils sont plus bavards auprès de ceux qui leur restent loyaux. Lors d’un « chat » sur Internet avec ses partisans, Hillary a jeté de l’huile sur le feu. Selon elle, les 18 millions de démocrates qui l’ont appuyé doivent avoir le clair sentiment d’avoir été entendus et elle refuse de s’opposer à la proposition de mettre son nom sur le bulletin de vote lors de la convention.
Jusqu’à présent, l’équipe d’Obama ne voyait pas d’inconvénient à la discrétion des Clinton cet été. On sait que les Républicains ont des publicités toutes prêtes qui mettront l’accent sur les déclarations de Bill et Hillary contre Barack Obama pendant les primaires. Vous vous rappelez certainement de cette phrase d’Hillary disant que John McCain avait plus d’expérience en matière de sécurité nationale et qu’il était davantage prêt à gouverner qu’Obama. Des montages vidéo circulent depuis déjà un bon moment sur Youtube et la capacité des Républicains d’utiliser ce matériel efficacement ne fait pas de doutes. Tout en reconnaissant la nécessité d’avoir recours au populaire Bill et à l’influente Hillary, la campagne du jeune Sénateur de l’Illinois espérait garder les Clinton hors du radar aussi longtemps que possible et activer leurs forces sur le champ de bataille subtilement sans tambours ni trompettes. Entre-temps, le plan était d’offrir à Hillary et à Bill leur moment de gloire pendant la convention, rassurer les délégués encore déçus et montrer avec une vigueur incontestée l’unité du parti derrière Barack Obama.
Mais tout cela risque de déraper. Par leur encouragement à poursuivre le débat pendant la convention, les Clinton vont finir par mettre Barack Obama au pied du mur. Le risque est trop grand pour les Démocrates et les enjeux trop importants pour le pays. Les Clinton détiennent le pouvoir d’assurer la prochaine présidence à leur parti, ou de miner le leadership d’Obama. Plusieurs croient qu’ils sont trop conscients de l’importance de leur héritage dans l’histoire pour saboter les chances de reprendre la Maison Blanche en 2008. D’autres sont plus cyniques et personne n’est dupe : le mouvement pour la campagne d’Hillary en 2012, est déjà entamé.
Catherine Cano - Canovision
Convention démocrate – discours
Lundi 25 août: Michelle OBama
Mardi 26 août: Hillary Clinton (Chelsea pourrait présenter sa mère)
Mercredi 27 août: Bill Clinton prononcera son discours juste avant celui de la ou du colistier
Jeudi 28 août : Barack Obama
À noter: tous les discours auront lieu entre 18h00 et 23h00, heure de l’Est
Mardi 26 août: Hillary Clinton (Chelsea pourrait présenter sa mère)
Mercredi 27 août: Bill Clinton prononcera son discours juste avant celui de la ou du colistier
Jeudi 28 août : Barack Obama
À noter: tous les discours auront lieu entre 18h00 et 23h00, heure de l’Est
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