Wednesday, July 16, 2008

Un été américain : confidences de gens ordinaires 1 *

Los Gatos, Californie

À une centaine de kilomètres au sud de San Francisco se trouve une jolie petite ville de 36,000 habitants appelée Los Gatos. Oui, un drôle de nom qui signifie en français « Les chats » parce qu’à cet endroit vivaient des lynx il y a plus d’un siècle. Los Gatos, bondée d’artistes il y a trente ans, est aujourd’hui le lieu de résidence préféré des artisans de la Silicon Valley. Charmés dès le premier regard par ce coin paisible entouré de collines et de montagnes, Debbie et Dan Ross ont choisi de s’y établir avec leurs deux enfants.

En ce lundi d’été, il est 8 heures du matin et il fait déjà chaud. Tandis que le jeune Georges traîne dans son lit, Debbie tente d’encourager l’aîné, Sam, à manger avant le départ pour son camp d’été. Papa, un peu fatigué s’active aussi dans la cuisine. Il est percussionniste et a donné un spectacle de blues hier soir au bar JJs à San José, la ville voisine. Mais Dan a un autre boulot qui lui donne les « blues » ces jours-ci. Il est aussi courtier immobilier et par les temps qui courent, il a besoin de prendre les bouchées doubles. Entre les ravages causés par des températures extrêmes et la crise immobilière, l’année a été difficile en Californie. Leurs voisins, incapables de rencontrer leurs obligations financières, se voient forcer de vendre leur maison à perte. Cette dégringolade est sujet d’inquiétude pour Dan dont le travail est au cœur même de cette crise.

Et puis, la situation économique du pays n’est pas rassurante. « Nos enfants iront à l’Université et les frais de scolarité sont exorbitants aux États-Unis. Il nous faut amasser près de $200,000 par enfant d’ici 12 ans », me confient Debbie et Dan. Même Debbie, qui s’était permis de rester à la maison pour s’occuper des garçons, devra retourner enseigner le pilotage.

Les Ross suivent l’élection présidentielle avec passion mais ils ont peu de discussions avec les gens de leur entourage. « Nous vivons une récession et nous sommes en guerre. Nous allons à la partie de soccer de notre fils et personne ne parle de rien, comme si tout allait bien », de dire Dan. Ils sont surpris de constater que la population ne se soulève pas davantage et qu’il n’y ait pas plus de manifestations dans les rues.

Dan et Debbie sont visiblement inquiets. Ils ont un réel besoin de savoir quelles solutions les candidats à la présidence apporteront pour sortir l’économie de son marasme. Avec neuf trillions de dettes et plus de cinq cents milliards de déficit, les priorités doivent changer de façon draconienne pensent-ils. Dan, jusqu’à ce jour républicain a pris une décision : suivre Barack Obama qui semble être en mesure de réaliser ce changement impératif.

Le petit Georges encore endormi fait son entrée dans la cuisine. « Oups, assez parlé de politique, il est déjà 9 heures, » s’écrie Debbie ! C’est le temps pour Georges et Sam de quitter la maison pour leur journée au camp d’été.

Catherine Cano -
(* Premier d'une série publiée dans la revue l'actualité - août 2008)

1 comment:

Anonymous said...

Merci pour ce regard humain de la campagne américaine. Regard manquant sur la scène médiatique actuelle qui ne se nourrit que de grossières généralisations.

Félix