Monday, July 21, 2008

Un été américain: confidences de gens ordinaires 7*

Scranton, Pennsylvanie

Bill et Hillary sont des habitués de la place. Après tout, elle y a été baptisée et tant son père que son grand-père y ont travaillé. Chaque été, ils passent du temps en famille à leur chalet de Winola situé à 40 kilomètres de Scranton.

Au moment de la primaire de la Pennsylvanie en avril, Dollar Bill, dont le vrai nom est Bill Rosick, avait appelé le bureau de Mme Clinton pour offrir ses services comme chauffeur, mais sans succès.

Dollar Bill est tout un personnage. Il s’est installé seul dans un studio pas très grand, en banlieue de Scranton. Il ne voit jamais ses deux filles qui ont maintenant 16 et 21 ans. Il vit de chèque de paie en chèque de paie. Pour joindre les deux bouts, il travaille le jour dans un petit dépanneur et le soir, il circule dans les rues de la ville de Scranton avec son taxi. Dollar Bill passe son temps à parler avec les citoyens et il a une opinion sur tout. Il me raconte qu’il n’est pas le seul. Dans cette ville de mineurs, on parle peu aux étrangers, mais on n’hésite pas à exprimer ses idées en tête à tête..

Les gens qui prennent le taxi à Scranton sont des clients réguliers. Des personnes âgées qui ont besoin de se rendre à l’épicerie, à la pharmacie, chez le médecin ou à la banque. Le premier commentaire que Dollar Bill entend lorsqu’un passager entre dans son taxi, c’est une boutade sur le prix indiqué au compteur; le prix de base de $2.57 en janvier a grimpé à $3.00. Un voyage qui coûtait $10.00 en vaut maintenant 12 à14 dollars. Pour des gens qui gagnent peu, deux dollars de plus c’est beaucoup. « Le prix de l’essence n’arrête pas de monter, il faut bien que j’ajuste mon taux aussi. Sinon, je vais perdre trop d’argent et le taxi ne sera plus rentable », se plaint Dollar Bill. Pour des communautés comme celle de Scranton, les hausses continues de l’essence sont devenues un sérieux problème. « Les distances sont grandes et si vous ne vivez pas dans les grandes villes où il y a des services en commun, vous avez besoin de votre automobile pour vous déplacer. Les gens ici n’ont pas d’autres options, » conclut-il.

Les habitants de cette ville, située à un peu plus de deux heures au nord de Philadelphie, sont aussi préoccupés par les coûts élevés de la santé. On compte 47 millions d’Américains qui n’ont pas d’assurance santé. En Pennsylvanie, plus de 750,000 personnes vivent sans filet. Pour l’instant l’accessibilité aux soins de santé pour tous reste une promesse abstraite.

Il faut que les choses changent, pense-t-on, mais ici on ne croit pas aux contes de fée. Tous ce que l’on souhaite selon Dollar Bill, c’est que les choses changent pour le mieux ou tout au moins, reviennent comme avant, comme à l’époque de Bill Clinton.

Catherine Cano
(*7e et dernier article d'une série publiée dans la revue l'actualité - août 2008)

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