Thursday, August 21, 2008

Et si c’était Hillary ?

Barack Obama est sur le point d'annoncer son choix à la vice-présidence et les noms qui circulent sont ceux de Joe Biden, Evan Bayh et Tim Kaine. Si un de ces candiats est choisi, cette nomination fera peu de vagues. Or, le parti qui semble déterminé à s'auto-détruire, a besoin d'un bon coup. Pas plus tard qu'hier, je m’interrogeais sur tout ce bruit autour des tensions et des divisions au sein du parti démocrate. Je me questionnais : "Et si tout cela n’avait tout simplement pas été orchestré pour nous permettre d’être témoins d’un coup de théâtre extraordinaire à la convention démocrate?" Il m’apparaît difficile de croire que ce manque de discipline chez les démocrates soit admis, considérant surtout l’aspect crucial de cette élection pour le parti.

Choisir Hillary Clinton comme colistière relèverait du vrai coup de théâtre. Chose certaine, cette annonce changerait radicalement l’allure de la convention, redonnerait une vie à une campagne en perte de vitesse et surtout animerait la population en quête d’un sauveur; et ce pour plusieurs raisons.

D’abord, cette association unirait toutes les troupes démocrates. Les femmes encore déçues rejoindraient les rangs et les travailleurs incertains de l’empathie d’Obama retrouveraient la connexion qui leur manquait. Les États de la Pennsylvanie, de l’Ohio, ceux entourant les Appalaches, et ceux de l’Ouest où Hillary et Bill sont grandement respectés, applaudiraient cette décision. Et c’est sans parler de la Floride où les électeurs avaient majoritairement favorisé Hillary lors des primaires.

Mais qu’arrive-t-il de tous les arguments sur lesquels plusieurs s’appuyaient pour rejeter cette option ? Il y a deux mois la situation était différente. La récent conflit entre la Russie et la Georgie rappelle aux Américains que les questions de sécurité nationale demeurent importantes. Ils souhaitent une approche plus internationaliste de leur Président, mais exigent que ce dernier détienne une expérience incontestée et sache naviguer dans les méandres politiques de Washington. Or, la tournée victorieuse d’Obama au Moyen-Orient et en Europe n’a pas eu l’impact souhaité. Par contre, sa déclaration mitigée sur la crise en Georgie, lancée presque sur le bord d’une plage à Hawaï, n’a rien fait pour convaincre la population qu’il a l’étoffe nécessaire pour le poste qu’il convoite.

Par ailleurs, mon ami Jep, un ancien conseiller du Sénateur Gary Hart avec qui je prenais un café ce matin, m’expliquait que Barack Obama ne fait pas face à Georges Bush. Les citoyens réalisent bien que ce dernier n’est pas candidat aux élections et juge que John McCain, pour qui ils ont un grand respect, est en mesure de faire face à de telles situations. Mais la position de McCain sur l’intervention américaine en Iraq et son intention d’y garder les troupes, a également entraîné un questionnement sur son jugement. Une équipe Obama-Clinton représenterait à la fois le bon jugement et l’expérience. Cette double force rendrait McCain plus vulnérable.

Par ailleurs, le candidat républicain s’avère un adversaire redoutable et son parti ne ménage rien pour attaquer Obama en ayant recours aux pires méthodes négatives. Les sondages montrent que cette tactique n’est pas sans impact puisque le Sénateur de l’Illinois a perdu son avance. Hillary qui n’a pas froid aux yeux, serait un atout dans l’affrontement contre McCain et les Républicains. Elle pourrait s’en prendre à McCain sur le même ton, pendant qu’Obama garderait ses distances en continuant de marteler les changements politiques qu’il compte apporter comme Président.

Pour Hillary Clinton, être numéro deux signifie exercer une influence certaine auprès de la présidence. Al Gore et Dick Cheney ont redéfini le rôle de la vice-présidence en lui attribuant un plus grand pouvoir. Hillary Clinton est une femme brillante et travailleuse qui apporterait intelligence et aplomb à l’administration Obama.

Combien de fois a-t-on répété que Barack Obama et Hillary Clinton formerait une véritable équipe de rêve? Peut-être y avait-il une bonne raison ? Quand on regarde la liste des candidats pour ce poste de vice-président, aucun ne présente une fiche parfaite. Mme Clinton a commis des erreurs pendant sa campagne à l’investiture démocrate et plusieurs n’ont pas apprécié ses méthodes. Mais son programme était colossal et personne n’a jamais douté de sa capacité à diriger le pays.

Ah oui, il y a une autre chose que je ne voudrais pas oublier. L’annonce du colistier ou de la colistière se fera en Illinois; l’État qu’Obama représente au Sénat américain, mais aussi l’État où Hillary est née et où elle a grandi. Un hasard vous me direz… peut-être!

Catherine Cano - Canovision

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