Les critiques contre John McCain fusent de partout ; en provenance de ses propres partisans républicains et même du réseau de télévision Fox, pourtant porte étendard de la droite américaine. On lui reproche ne pas être assez conservateur, de changer d’idées trop souvent (flip-floppeur), de ne pas savoir lire un téléprompteur, d’être mécanique et de manquer de sincérité. De plus, il hérite d’une colère collective à l’endroit de Georges W. Bush et de son administration des sept dernières années.
Le deux-tiers de la population souhaite une fin à la guerre en Iraq et le trois-quarts des Américains sont déçus de leur Président. Malgré cela, McCain a déclaré que les troupes américaines en Iraq y resteraient encore pendant plusieurs décennies. Sur le front économique, il déclarait ne pas entrevoir de difficultés il y a quelques mois pour admettre un peu plus tard qu’il ne s’y connaissait pas en économie. John McCain est de la génération précédant les baby-boomers et, pour plusieurs, il est trop vieux et forcément déconnecté des nouvelles générations. On croit même qu’il n’a jamais utilisé d’ordinateur de sa vie.
Alors, comment expliquer que des Américains - presque la moitié - le préfèrent à la "rock star" qu’est devenue Barack Obama ? Comment se fait-il que les Démocrates doivent se battre bec et ongles pour gagner l’élection en novembre ; élection qui aurait dû leur être assurée ?
John McCain est un politicien d'une grande droiture dont les années militaires au service de la nation lui ont mérité un respect incontesté. Personnage très sympathique, je me souviens de notre conversation au lendemain de son discours lors de la Convention républicaine de 2000 à Philadelphie. Encore amer de sa défaite et de la campagne négative menée par son adversaire Bush, il demeurait néanmoins loyal au parti, comme un bon soldat. Je me souviens aussi de l’admiration d’un grand nombre de démocrates qui, pas très emballés par la candidature d’Al Gore, se disaient prêts à voter pour le réformiste et batailleur John McCain.
Huit ans plus tard, John McCain n’est pas tout à fait le même candidat. Il a laissé tomber sa naïveté de l’époque mais continue de foncer mené par ses convictions. Le « straight talk Express » reste honnête. Il est le seul politicien qui a osé dire aux travailleurs du Michigan que plusieurs de leurs emplois étaient perdus à jamais et qu’ils devaient songer à se recycler dans d’autres domaines. Malgré l’impopularité de sa politique, il persiste à répéter ses intentions face à l’Iraq. Même Barack Obama, qui compte rapatrier les troupes en 16 mois, se laisse une marge de manœuvre au cas où la situation se détériorerait. Les Américains sont bien conscients que cette guerre est complexe et la moitié d’entre eux croient que John McCain prendra de meilleures décisions.
Comparé à l’énergétique et charismatique Barack Obama, John McCain est terne et sa démarche est plus lente. Mais au-delà de l’image, ses 72 ans n’inquiètent pas tout le monde. Après tout, Churchill était encore Premier ministre à 80 ans et Nelson Mandela avait 75 ans lorsqu’il est devenu Président de l’Afrique du Sud. Son âge est donc perçu plutôt positivement pour les électeurs qui souhaitent choisir un Président ayant de l’expérience politique tant au niveau national qu'à l’international.
L’opinion publique est presque unanime : les deux successeurs possibles à la Présidence se présentent à l’électorat avec infiniment plus de compétences que W. Bush. Même si les Démocrates s’évertuent à répéter qu’élire McCain équivaut à voter pour un troisième mandat de Bush, les Américains ne semblent pas tous de cet avis.
En fait, il est vrai que John McCain n’a jamais touché à un ordinateur. Cela ne veut pas dire qu’il soit complètement déconnecté puisqu' il n’est qu’à quelques points derrière Barak Obama dans les sondages. Qui aurait cru que les Républicains menaceraient de garder la Maison Blanche !
Catherine Cano - Canovision
Tuesday, July 8, 2008
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1 comment:
Dire qu'élire McCain équivaudrait à un troisième mandat pour Bush, c'est effectivement très mal connaître le bonhomme - Qui m'a tout l'air d'être passablement gaffeur - on l'a vu avec sa "blague" d'aujourd'hui.
Par contre, un point qui ne changera pas à mon avis, ça sera l'aventurisme militaire. Juste besoin de voir l'article qu'il a publié dans foreign affairs en 2007 et les gens qui constituent sa garde rapprochée en matière de politique étrangère pour se rendre compte que le focus sera sur l'outil militaire, et non pas diplomatique.
Sur le plan intérieur par contre, considérant surtout que c'est ce qui est le plus important pour les américains à l'heure actuelle (la situation en Irak s'étant, on touche du bois, stabilisée) McCain est une figure immensément plus rassurante que Obama.
Les recherches en psychologie sociale nous rappellent qu'on a bien plus de chances d'avoir une opinion positive de gens qui nous ressemblent, qui ont les mêmes intérêts et préoccupations que nous. C'est un peu la même chose en politique: Racisme ou pas, Obama est différent de l'américain moyen. C'est le clou sur lequel les républicains vont marteler au cours des prochains mois parce que c'est ce même clou qui a coulé les navires de Gore et de Kerry.
Et c'est justement pour ça que Obama fait des pieds et des mains pour recentrer son image depuis quelques semaines. Il veut se distancer le plus possible de cet archétype du candidat altermondialiste, vert, gauche-caviar et réformateur pour parer aux attaques d'un camp McCain qui n'aimerait rien de mieux que de s'adonner à une bonne campagne de refabrication d'image comme Karl Rove en avait le secret!
Par contre, va vraiment falloir que le monsieur McCain apprenne à se servir ddu téléprompteur parce que, comme tu dis, ça s'en vient passablement ridicule son affaire :)
O.
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