Friday, December 28, 2007

Les faits s'il vous plaît !

Il n’aura pas fallu attendre bien longtemps avant que la mort de Benazir Bhutto devienne un enjeu électoral aux États-Unis. Dans l’heure qui a suivi l’annonce de l’attentat, les médias américains se sont précipités pour dire que ce tragique événement rappelait l’importance pour le (la) prochain (e) Président (e) de posséder une grande expérience en politique étrangère. Le nom d’Hillary Clinton fait immédiatement surface. On montre déjà des images d’elle en compagnie de Mme Bhutto au Pakistan lorsque cette dernière était Première ministre. On tente de coincer Barak Obama, le principal concurrent de Mme Clinton en lui demandant si cette crise au Pakistan le défavorise.

Ce faisant, les médias sont en train de décider de l’agenda et d'affirmer que l’expérience est une prérogative. Qui pourrait s’objecter à cette évidence, surtout lorsque le manque d’expérience de W. Bush a été aussi néfaste pour le pays. Je vous dirais que la question est légitime et quelle doit être soulevée. Quel candidat (e) ou quelle candidate serait la meilleure personne pour gérer cette crise internationale ? Ce qui me préoccupe par contre, c’est que les journalistes suggèrent la réponse et que cette réponse n’est peut-être pas nécessairement la bonne.

Si on évalue chacun des candidats, républicains et démocrates, on constate que celui qui détient la plus grande expérience dans les dossiers internationaux est le Sénateur Joe Biden. Il dirige le comité des Affaires Étrangères à Washington et en est à son sixième mandat de six ans comme Sénateur totalisant 36 années de services. Il a influencé le Président Bill Clinton dans sa stratégie en Bosnie. Il est le premier à avoir qualifié le Leader Serbe Slobodan Milosevic de criminel de guerre. Il est aussi celui qui, selon plusieurs experts, a proposé la meilleure solution à la crise en Iraq suggérant de diviser l’état en trois régions représentant les Kurdes, les Sunnis et les Shiites. Même les conseillers de Mme Clinton en conviennent, « off the record » bien sûr.

Mais on parle peu de Joe Biden, considéré moins attrayant comme candidat. Alors, comment se compare l’expérience de Mme Clinton à celle de M. Obama, les deux candidats préférés de la course ? La première proche a été proche du pouvoir et des décisions de son mari pendant huit ans. En plus, elle est devenue membre du puissant Sénat américain en 2000 et membre d’importants comités, comme celui de la défense. De son côté, M. Obama a vécu à l’étranger une bonne partie de son enfance, a été Sénateur de l’État de l’Illinois pendant sept ans, a été élu au même puissant Sénat américain en 2004 et est membre du comité des Affaires étrangères. Ces deux candidats, ont été exposés à différentes cultures, et ont tous les deux un intérêt et une compréhension certaine de la politique internationale.

Il est vrai qu’Hillary Clinton a plus d’années d’expérience nationale comme Sénatrice. Sur le plan international, elle a eu l’opportunité d’influencer directement les politiques du Président Bush. Entre autres, lorsqu’elle a voté en faveur de la résolution permettant l’utilisation de la force contre l’Iraq; autorisation accordée au Président Bush en 2002. Barak Obama, quant à lui, n’était pas encore membre du Sénat américain à l’époque, mais il s’était publiquement prononcé contre cette idée.

Les années Bush ont démontré que l’expérience du Président en matière de politique étrangère, est sine qua non. Si les journalistes soulèvent l’importance de l’expérience, ils devraient aussi présenter objectivement les faits. Et les faits sont que la majorité des candidats cette année, républicains et démocrates, ont une bonne feuille de route. Mais la question va au-delà de l’expérience. Ce qui importe tout autant, c’est le jugement. Après tout, John F. Kennedy n’avait pas tant d’expérience en politique internationale lorsqu’il est devenu Président des États-Unis!


Catherine C

No comments: