Saturday, April 19, 2008

Mon café avec Gary Hart

(English text below)

Notre rencontre a lieu au modeste café « The Market » sur la rue Larimer, dans un quartier pourtant huppé du downtown Denver où artistes, passants et gens d’affaires s’entremêlent. Je ne suis pas vraiment étonnée d’apprendre qu’il s’agit de l’endroit préféré de l’ancien représentant du Colorado au Sénat américain, Gary Hart, celui-là même qui a presque remporté la nomination du parti démocrate pour la présidentielle de 1984 contre Walter Mondale.

Le politicien de 72 ans arrive à l’heure à notre rendez-vous. Il ne paraît pas son âge, et encouragé par ma première question, il devient vite animé et entame la conversation sans tarder. « It was horrible », soulève-t-il parlant du débat de la veille entre Hillary Clinton et Barack Obama. « Je n’ai vraiment pas compris pourquoi le réseau ABC a perdu tant de temps sur des questions triviales plutôt que sur les enjeux qui préoccupent les gens », poursuit Gary Hart ajoutant qu’il trouve qu’Obama a été traité injustement.

Il ne faut peut-être pas se surprendre de sa réaction puisque celui que certains appellent « Le premier Obama » de l’histoire accorde un appui sans équivoque au jeune sénateur de l’Illinois. En 1984 Gary Hart avait 48 ans et représentait une nouvelle approche en politique et de nouvelles idées. Prônant le besoin de changement à Washington, il était différent des politiciens typiques. Il voit en Barack Obama celui qui, par sa culture et sa capacité à unir des forces divergentes, réussira à changer et améliorer véritablement le système. Le choix d’Obama plutôt que de Clinton ne lui a pas été difficile. Il connaît les Clinton depuis 35 ans mais il me dit avec une certaine tristesse qu’Hillary Clinton est allée trop loin avec des propos qu’il juge inacceptables. « C’est scandaleux d’avoir dit que John McCain serait plus apte à devenir Président des États-Unis que Barack Obama, un autre démocrate », lance-t-il avec un regard outragé.

Aujourd’hui, le Sénateur Hart est conseiller stratégique pour la campagne d’Obama et il admet que son poulain n’a pas encore la nomination dans sa poche et que la campagne est un peu essoufflée. Il souhaite que la course se rende jusqu’à la fin de la saison des primaires le 3 juin, mais croit aussi qu’un gagnant doit être choisi avant la Convention de Denver à la fin août. Selon M. Hart, tout porte à croire que Barack Obama sortira vainqueur, du moins en ce qui concerne l’obtention du plus grand nombre de délégués affiliés. « Deux choses pourraient empêcher Barack de réussir : commettre une erreur majeure, et cela j’en doute, ou si Mme Clinton insiste pour se rendre à la Convention de Denver espérant convaincre les super délégués encore indécis », précise-t-il. Gary Hart ne mâche pas ses mots, particulièrement si la bataille se rend jusqu’au plancher de la Convention : « Si Mme Clinton persiste, elle nuira aux chances du parti de remporter l’élection en novembre. Son insistance se fera au détriment du parti et il ne nous restera que 8 semaines pour s’attaquer à John McCain. Entre juin et août, les médias chercheront de quoi se mettre sous la dent et chaque geste et chaque déclaration des candidats démocrates seront passés au peigne fin. »

L’ancien candidat à la présidence constate que les deux rivaux démocrates sont déjà bien fatigués. Il rappelle fréquemment aux conseillers d’Obama de le laisser dormir. « C’est un homme remarquable, d’une grande maturité, mais il a commis une erreur la semaine dernière avec ses propos sur le degré d’amertume des Américains et il en fera d’autres. C’est humain. Sauf qu’il faut faire attention, rester vigilent et demeurer concentré pour gagner. »

Gary Hart va même plus loin. « Si, la Sénatrice Clinton remportait la nomination en détruisant le Sénateur Obama au passage, plusieurs des partisans de ce dernier pourraient décider de rester chez-eux le jour du vote ». Chose certaine selon lui, si Mme Clinton décide de demeurer dans la course malgré les résultats du vote populaire et du nombre de délégués affiliés favorisant son adversaire, et qu’au bout du compte elle perd la nomination, « elle aura fait tant de dommage que le processus sera jugé sans grande valeur, » diminuant par le fait même l’impact de la victoire d’Obama aux yeux du public américain.

Tout un avertissement!


GARY HART : « If Clinton does not win the nomination, she will make the process worthless.”

Sitting at The Market coffee shop in Denver, Senator Gary Hart launches a warning:
“If the fight goes on to the Convention floor, it will be detrimental to the Democrat Party”.

An important supporter and advisor to Barack Obama, Gary Hart does not seem to worry about his candidate’s chances to get the nomination in the end. “Obama has not yet won it, but he is getting more super delegates each day. Two things can prevent him from getting the nomination: a major mistake (which I believe is unlikely to happen) or Mrs. Clinton’s insistence to stay in the race until the Convention, if she decides so after the last primary.” He agrees that the process should go on until the last primary on June 3rd, but the formal Presidential candidate believes that if Senator Obama still has more pledged delegates and the popular vote, Mrs. Clinton should end her bid. According to Senator Hart: “If she persists, she will do a disservice to the party. The first problem is the period between early June (close of primaries) and end of August (convention) when there are no contests to report on and the media will look for anything to fill up copy and time. Second, there would be only 8 weeks to the election which is too short and the Democrats would be greatly disadvantaged.”

Gary Hart goes even further talking about the other scenario; the one in which Hillary Clinton succeeds during the summer to convince enough super delegates to go her way. “If Senator Clinton wins the nomination by destruction of Senator Obama”, says Hart “many of his strongest supporters may decide not to vote.” And he goes on:” I believe that Clinton is determined that if she does not get the nomination, she will make the process worthless.” Either way in his view, Obama and the party will be hurt.

Hart who has known the Clintons for 35 years, is quite disappointed with their campaign. “I was outraged when she said that John McCain would be more prepared to be President than Barack Obama.”

Senator Hart did not have tender words either towards ABC news and the moderators of the last debate between the candidates. “It was horrible and trivial”. He does aknowledge that the “bitter” comment from Obama was a mistake. “It is the first one and he will make more. He is human. He is a remarkable person and it is amazing that with the length of this race, no more mistakes have been made”, adds Hart.

It was not my first meeting with Senator Hart, but this time his words were very strong. Even my coffee paled in comparison.

Catherine Cano- Canovision

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