Hier, se tenait un vote extrêmement important au Sénat américain. Celui qui, au nom de la guerre contre le terrorisme, autorise le gouvernement à faire de l’écoute électronique aux États-Unis - le « Foreign Intelligence Surveillance Act ». Un vote pour prolonger temporairement une loi mise en place en juillet 2007 permettant aux autorités de retracer des terroristes au pays. Le Sénat a voté en faveur de son renouvellement, mais les Démocrates à la Chambre des Représentants qui composent la majorité, n’ont pas l’intention de donner leur appui. Pourquoi ? C'est en grande partie parce que le rétablissement de la loi implique autre chose. Le Président Bush lui a associé une clause accordant rétroactivement l’immunité aux compagnies de télécommunications engagées pour faire de l’écoute électronique. Ces compagnies font face à de nombreuses poursuites et, une fois devant les tribunaux, elles seraient obligées de dévoiler leurs activités.
Le Président insiste pour que les rapports d’écoutes ne soient pas disponibles à tel point, qu’il a menacé d’apposer son veto si la loi n’était pas reconduite avec l’immunité aux compagnies. Pourquoi le Président cherche-t-il à ce que les informations sur les activités des compagnies demeurent secrètes ? La seule réponse plausible est que son gouvernement n'airmerait pas que les Américains sachent jusqu’où le programme s’est ingéré dans leur vie privée. Il faut se rappeler qu’il a toujours été inconstitutionnel de procéder à de l’écoute électronique sans la permission de la Cour. Toutefois il y a six mois, invoquant la possibilité d’une autre attaque, le Président Bush et son vice-président Dick Cheney réussirent à obtenir l’appui du Congrès permettant de passer outre la constitution et le système légal américain.
La position du Président Bush est contradictoire. Selon lui, cette loi est la seule façon de retracer et de surveiller les terroristes, de court-circuiter leurs activités et ainsi éviter une autre tragédie en sol américain. En menaçant de mettre son veto si les compagnies ne reçoivent pas l’immunité, Bush indique qu’il est plus important de protéger ces dernières que de protéger les Américains. Bien que la course à la succession soit emballante, les Américains oublient un fait bien réel : W. Bush détient encore les rênes du pouvoir. Mais cette fois, le Congrès a mis son pied à terre.
Mais parlons de la succession. Barack Obama s’est opposé contre la proposition d'accorder l’immunité aux compagnies de télécommunications et a voté contre cette clause. Mme Clinton, quant à elle, ne s’est pas présentée au Sénat pour voter. Elle a donné comme excuse que le résultat final n’aurait pas été différent. Pourtant, elle a la responsabilité comme représentante de l’état de New York et encore davantage à titre de candidate à la présidence des États-Unis de prendre position. A-t-elle craint de heurter le lobby des compagnies de télécommunications, le cinquième plus puissant à Washington ? Chose certaine, les amis avec qui je me tenais ce soir lui ont retiré leur appui et ont envoyé de l’argent à la campagne d’Obama. Selon deux d’entre eux, cette décision montre que les convictions de Mme Clinton peuvent être dictées par des calculs politiques.
Par contre, un fait important demeure inexpliqué. Outre la clause additionnelle sur l’immunité, ni Obama ni Clinton n’ont voté sur l’ensemble du projet de loi qui permet l’écoute électronique. Nous pouvons applaudir le refus du Sénateur Obama d'accorder l'immunité forçant les compagnies et le gouvernement à être responsables. Cependant, il est plus difficile de saisir comment on peut refuser de voter sur le fond tout aussi crucial de la législation, qui met en péril les libertés individuelles. Restaurer la démocratie aux États-Unis est le premier changement qui s’impose et les deux candidats démocrates se sont esquivés devant ce premier défi, un en partie et l'autre en totalité.
Catherine Cano - Canovision
Thursday, February 14, 2008
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