Un même sentiment uni la majorité des Américains : une grande déception du Président Georges W. Bush. La campagne à l’investiture démocrate nous fait oublier que M. Bush est toujours Président, responsable, « the decider », celui qui représente les États-Unis et détermine la direction que prend le pays ; du moins encore jusqu’au 20 janvier 2009.
Nous aurions pu croire qu’avec un taux d’impopularité aussi élevé, soit plus de 70%, M. Bush tenterait d’éviter la controverse, inquiet de l’héritage qu’il laisse et des chances d’un autre Républicain de lui succéder. Deux déclarations cette semaine semblent indiquer tout le contraire.
Lors d’une entrevue, un journaliste a demandé au Président pourquoi il avait cessé de jouer au golf en 2003. M. Bush a répondu que c’était par solidarité avec les Américains dont un membre de leur famille était en Iraq. « Je ne voulais pas qu’une mère qui venait de perdre son enfant, me voit sur un terrain de golf. C’est ma façon de dire que je suis avec eux, que j’ai beaucoup de considération pour leurs sacrifices.» Impressionnant, n’est-ce pas ? Il y a deux problèmes avec cette déclaration. D’abord, Bush a continué de pratiquer le golf et il aurait arrêté après s’être blessé un genou. Par ailleurs, est-ce là la seule contribution dont on doit s’attendre d’un Président qui a envoyé son pays en guerre ? Plus de 4,000 soldats sont morts et des milliers d’autres sont revenus blessés ?
C’est presqu’une insulte à notre intelligence. Je ne suis pas américaine, mais je suis aussi révoltée qu’eux. Pendant que les hôpitaux pour les vétérans sont dans des conditions lamentables, que les soldats qui reviennent amputés ne reçoivent pas les soins dont ils ont besoin et que la majorité des soldats de retour se retrouvent avec des dettes, le Président menace d’apposer son droit de véto à un projet de loi « le GI Bill » qui permettrait aux soldats d’avoir droit de s’inscrire à l’université gratuitement. La raison de ce véto est que pour payer cette mesure, une taxe devrait être imposée aux mieux nantis. Et Georges W. Bush qui se considère généreux en abandonnant ses parties de golf !
L’autre déclaration, c’est celle d’hier devant le parlement israelien, la Knesset où Bush a fait allusion dans son discours à Obama. « Certains croient que nous devrions négocier avec des terroristes et des radicaux. » Déclaration à laquelle le sénateur de l’Illinois a répondu rapidement : « Je n’ai aucune intention de négocier avec les terroristes ». Et au New York Times ce matin il ajoute: « Je rejette la prémisse voulant que de s’engager dans une stratégie appelant la diplomatie est synonyme de faiblesse et que cela signifie aussi que nous n’agirions pas agressivement contre le terrorisme. »
Les réactions n’ont pas tardé à venir. Est-ce que Bush aurait perdu la tête, faire une telle déclaration outrageuse ! Les critiques lui en veulent d’amener la bataille électorale américaine en sol étranger tandis que d’autres lui reprochent de manipuler l’information et les intentions d’Obama en radicalisant le débat. Cette déclaration n’était pas innocente, loin de là. Ce message était destiné aussi aux millions d’électeurs de la communauté juive américaine inquiète de l’approche d’Obama face à l’Iran dont le Président refuse de reconnaître le droit à Israël d’exister. Les enjeux sont complexes et Bush joue à un jeu dangereux.
Pour la plupart des Américains la « cow-boy diplomacy » a fait son temps. C’est cet héritage qui explique en grande partie l’attrait des Américains pour Barack Obama et le désir d’un changement profond. Devant autant de manque de jugement, d’insensibilité et d’incompétence, n’importe quel individu ferait meilleure figure me diriez-vous. Mais c’est justement ce que les électeurs ne veulent plus : n’importe qui. Et c’est le seul merci que les Américains et Obama pourront dire au Président. Merci de nous avoir conscientisés à l’importance de faire nos devoirs, de bien étudier les candidats et de voter en novembre.
Catherine Cano - Canovision
Friday, May 16, 2008
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2 comments:
À quand une couverture honnête et objective de la campagne américaine par les journalistes québécois?
Inutile de le répéter la grande majorité d'entre eux sont pro-obama. A leurs yeux ce personnage politique est pratiquement Dieu le père. (Yes We can) Alors comment peuvent-ils informer convenablement les citoyens sur les enjeux de la campagne ? Je pense, que la question est légitime même qu'elle demeure fort préoccupante.
Petite question au journaliste Québécois.
Depuis le début de sa campagne, Barack Obama parle constamment de la nécessité pour les États-Unis de négocier avec ses ennemies. Pourtant, dans un discours prononcé hier, Obama a dit qu'il était hors de question de transiger avec le Hamas et le Hezbollah parce que ces deux entités ont recours au terrorisme et refusent de reconnaître Israël.
Il faudrait qu'Obama s'explique sur son manque de cohérence: en quoi il serait légitime de négocier avec certains ennemis et pas avec d'autres ? Pourquoi Obama trouve-t-il acceptable de discuter avec Téhéran tout en rejetant le dialogue avec le Hezbollah ou le Hamas ? L'Iran, tout comme le Hamas et le Hezbollah, rêve de voir Israël rayé de la carte. Qui plus est, l'action terroriste du Hezbollah n'est qu'un prolongement de la politique iranienne. En toute logique, les arguments avancés pour refuser les négociations avec ces deux organisations terroristes devraient aussi justifier un refus de négociation avec l'Iran.
Jamais les médias québécois (Pro-Obama ne vont aborder cette question.)
Fort regrettable, mais révélateur du manque de rigueur.
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