Monday, January 7, 2008

La campagne dans les campagnes

Il fait anormalement chaud au New Hampshire depuis deux jours. La neige fond et l'air est bon comme si c'était le printemps. C'est donc une belle journée pour se promener de village en village et rencontrer ceux qui demain enverront un autre signal à la classe politique.

La révolution qui s'est amorcée dans les rues de l'Iowa il y à peine 5 jours, se poursuit au New Hampshire. La vague en faveur de Barak Obama semble bien exister et semble tout aussi impossible à freiner.

Sur ma route, je me suis arrêtée dans une petite épicerie locale de la ville de Peterborough au centre de l'état. Le propriétaire tient aussi le petit magasin d'outils tout à côté. Pierre Robinson, fils de Jeanne Roy (oui, une canadienne française originaire de East Angus), a tenu sa propre élection depuis 2 jours. Les gens étaient invités à inscrire le nom du candidat de leur choix, celui ou celle pour qui ils ont l'intention de voter à la primaire du 8 janvier. 150 personnes se sont prêtés au jeu et à mon arrivée, on comptait les votes:

45% pour Obama contre 16% à Hillary et 21% à Edwards. Chez les Républicains, si on se fiait à ce résultat non scientifique, John McCain gagnerait le New Hampshire haut la main avec 62% contre 17% pour Mitt Romney. La discussion n'a pas tardé à s'animer. Pourquoi Hillary ne passe pas ? La réponse de Tom et d'Adèle ne peut être plus claire. "Nous sommes fatigués des insinuations négatives." Adèle est en fait une bénévole pour la campagne d'Obama et me dit que la première chose que l'on dit aux nouveaux qui veulent donner un coup de main, c'est de ne jamais parler négativement des adversaires. "C'est ce qui m'a convaincu de m'embarquer et de passer 4 heures par jour après le travail pour aider sa campagne". Tom ajoute: "C'est ce genre de changements dont on parle, que les gens veulent. " À ma question, est-ce que tout cela n'est pas un peu utopique ou naif de penser qu'une fois arrivé à Washington, il sera capable de changer les moeurs encrées depuis si longtemps, Steve, un autre voisin me dit: " Oui, peut-être, mais j'aime mieux voter pour quelqu'un qui veut essayer de changer que quelqu'un qui dit que cela n'en vaut pas la peine." Et Adèle d'ajouter: " Comment peut-on penser que d'avoir de l'espoir ne serre à rien, est irréaliste ? Nous avons besoin de savoir qu'il y a de l'espoir parce que personne d'entre-nous veut croire que nous ne pourrons pas sortir du pétrin dans lequel le pays est. Pas avoir d'espoir, c'est comme nous dire qu'on reste pris avec nos problèmes et qu'il n'y a pas de solutions. C'est complètement déprimant. C'est ça le message d'Hillary Clinton et c'est pour ça que je ne voterai pas pour elle."

Mais le cynisme envers les politiciens n'est pas disparu. À Milford, une petite ville de 25,000 habitants, Dan et Larry, deux électeurs indépendants, sont complètement désillusionnés. "C'est du pareil au même", me dira-t-on, "Georges Bush nous a menti, mais les Clinton aussi. Ils sont tous aussi pires les uns que les autres. Ils sont remplis de promesses qu'ils auront vite oubliées une fois rendus au pouvoir". Même Barak Obama, le tout dernier que tous imagine plus vertueux, ne trouve grâce à leurs yeux. "Il ne rêve pas juste en couleur celui-là mais en haute définition. Et le pire, parce que nos attentes seront plus grandes, notre déception le sera tout autant", conclu Larry. Un risque assurément. Mais pour Jim qui à 25 ans et qui n'était pas intéressé à voter il y a 4 ans, Obama est celui qui le sort de son apathie. " Oui, peut-être qu'il ne réussira pas, mais cette fois je me sens motivé et je veux lui donner sa chance. "

Déjà dans le nord de l'état, un petit comté a commencé à voter et bientôt, les voix des citoyens se feront entendre ici. De retour à Manchester, la ville bourdonne. Personne ne dormira ce soir.

Catherine C

No comments: