Monday, March 31, 2008

Une impatience injustifiée

Tour à tour, les démocrates s’impatientent. Les Sénateurs Patrick Leahy et Chris Dodd, tous deux des partisans de Barack Obama, demandent à Hillary Clinton de se retirer de la course. Howard Dean, le président du parti démocrate exige que le choix du candidat gagnant soit fait avant le 1er juillet, d’autres parlent de juin au plus tard. Bref, plusieurs démocrates disent s’inquiéter de la durée de cette lutte à l’investiture. Plus elle est longue, pense-t-on, plus elle sera négative pour l’un ou l’autre des candidats, plus le parti et les partisans seront divisés, et plus le victorieux ou la victorieuse aura de la difficulté à affronter John McCain et les Républicains.

En fait, la course est longue pour les artisans et les fervents partisans, mais pas pour la majorité des citoyens, qui eux, ne la suivent guère. À preuve, en me promenant au plus gros super marché de Denver, King Soopers, je me suis permise de m'adresser à une vingtaine de personnes pour leur demander ce qu’ils pensaient de la campagne électorale et de la bataille entre Hillary et Obama. Mon petit sondage, non scientifique, n’a pas duré très longtemps et m’a bien vite rappelé que l’élection n’a pas encore atteint le citoyen moyen, trop occupé à joindre les deux bouts. Ceux qui ont accepté de me répondre me répétaient que l’élection n'était que dans sept mois et ils considéraient avoir encore beaucoup de temps pour s’y intéresser. Mais la plupart ont haussé les épaules et m’ont regardé d’un air plutôt incrédule. Et j'ai alors compris qu'il était temps de sortir de ma bulle électorale et de remettre les pieds sur terre parmi le vrai monde.

Il faut admettre que le Colorado a déjà eu la chance de voter pour le prochain candidat à la présidence. Les citoyens de la Pennsylvanie sont plus attentifs à la course parce que pour la première fois depuis bien longtemps, leurs votes compteront. Et pour cette raison, il serait prématuré de forcer Mme Clinton à abandonner son rêve. Après tout, la saison des primaires se termine dans deux mois ce qui permettra à tous les États de participer au processus de sélection ; tous sauf peut-être la Floride et le Michigan dont le sort final n’est pas encore connu.

De fait, les démocrates n’ont pas besoin de demander le départ de Mme Clinton. Cette dernière fatiguée, multiplie les erreurs et sa campagne est à bout de souffle, d’argent et d’options. Ses attaques, même celles jugées négatives, semblent renforcer la candidature de son rival plutôt que de lui nuire. Selon les derniers sondages, elle détient encore une importante avance en Pennsylvanie. Par contre, il lui faut arracher plus de 65 % du vote dans les dix prochaines et dernières primaires, si elle espère dépasser le nombre de delégués affiliés au Sénateur de l'Illinois.

Cela dit, rien n'est impossible. Mais à moins d'une erreur majeure, Obama sortira vainqueur de ce marathon. Reconnu pour sa qualité de rassembleur, il saura unir le parti et convaincre tous les démocrates du bien fondé de son appel au changement.

Quant à John McCain, son discours vide de solutions face à la récession et son pari de miser sur un succès en Iraq, auront vite montré la limite de ses connaissances et son manque de réalisme et de jugement malgré sa grande expérience des affaires militaires. Obama devrait être en mesure, là encore, de dégonfler le ballon d’une candidature arrivée huit ans trop tard.

Je donne donc raison à Bill Clinton : « Chill out » a-t-il dit aux démocrates en fin de semaine. Les démocrates peuvent se calmer un peu, « the end is near ».

Catherine Cano - Canovision

1 comment:

Anonymous said...

Soyons sérieux un instant. Affirmer qu’il faut être copain copain avec les dictateurs de ce monde ne témoigne pas d’un grand sens du réalisme et des responsabilités chez les démocrates. Et pourtant, la grande question demeure. Barack Obama. est-il plus ou moins enclins que ses prédécesseurs a intervenir militairement dans le monde bien sur, quand on lui parle de sa position sur l’Irak, Obama s’empresse de dire qu’il n’est pas opposé a toutes les guerres, simplement les «dumb wars».

Ce qui évidemment ne dit pas grand-chose sur ses intentions. Réel. Et pour semer encore davantage le doute dans notre esprit il ajoute lors d’un discours à Chicago la nécessité de rétablir le leadership mondial des États-Unis grâce la construction de la première véritable armée du 21e siècle qui va illustrer sa sagesse dans la manière dont elle sera déployée.

Cette vision populiste trahit bien tous les excès, ayant plongé l’Amérique dans toute une série de missions douteuses dans les années 1990. Alors, je suis curieuse selon les savants calculs de Barack Obama quels sont les autres actions militaires depuis la fin de la guerre froide qui rentre dans la catégorie Dumb War?

Aurait-il envoyé des troupes au Panama? En Somalie? en Haïti? Au Kosovo? Ou serait-il resté hors de toutes ces zones de combat? Et qu’en est-il des actions militaires qui n’ont pas été prises? Comme président Obama aurait-il envoyé des troupes au Rwanda en 1994? Quel est le prix à payer, selon lui, en taxe, en impôts et en vie humaine pour jouer au Gendarme sur la planète?