Molly est propriétaire de sa boutique pour femme depuis 28 ans. Ce soir elle a invité une vingtaine de femmes d’affaire à un vin fromage. Voilà presque huit ans que j'habite plus ou moins à Denver, et je n’avais jamais remarqué cette vitrine au style parisien en plein cœur du centre-ville de la capitale du Colorado.
En fait, je suis nouvelle dans le groupe. Dans cette atmosphère relaxe, l’objectif est de nous inciter à acheter. Mais mon but est de profiter de cette rencontre de cerveaux pour les entendre parler de politique. Le propos est pertinent d'autant que certaines d’entre-elles travaillent au bureau du maire et suivent de très près la campagne au leadership. Non, le maire ne prendra pas position, du moins si on en croit sa chef de cabinet qui n'y voit pas d’intérêt pour Denver, ville hôte de la prochaine convention Démocrate. Il n’y aura donc pas de "scoop" pour moi ce soir !
Molly part le bal. À soixante-huit ans, elle souhaite ardemment qu’Hillary l’emporte. Mais Molly est la seule de son âge. Celui des invitées oscillent entre 35 et 50 ans. Elles ont toutes une grande admiration pour la première femme candidate. Mais, elles n’aiment pas la campagne négative menée présentement contre Obama. Selon la majorité d’entre-elles, Hillary est suffisamment équipée pour se battre sur le fond, son expérience et sa capacité de faire face aux enjeux les plus difficiles auxquels les États-Unis sont et seront confrontés. « Est-ce nécessaire de jouer du coude à ce point ? », de dire Patti, présidente d’une firme de relations publiques. « Cette approche confirme la crainte de plusieurs électeurs, soit de voir Hillary devenir une prolongation de Bush. Si elle propage de fausses allégations sur son rival, imaginez ce que ce sera, une fois installée à la Maison Blanche. Mentira-t-elle au peuple américain, ferons-nous encore face à un manque de transparence, et à la manipulation machiavélique qui aura caractérisée l’administration de W ?» poursuit-elle. Le problème d’Hillary : elle ne représente pas le modèle féminin de la plus jeune génération de femmes. Par surcroît, cette génération n’a pas eu à lutter pour prendre sa place comme les femmes de la génération de Molly.
Donna, présidente de la Chambre de commerce des femmes d’affaires, me dit : " Les femmes croient avoir atteint les objectifs d’équité et d’égalité avec les hommes et que les disparités salariales n’existent plus. Mais c'est faux " dit-elle. " Les femmes américaines gagnent au plus 75% du salaire des hommes. Avec la nouvelle génération de femmes, un amorphisme dangereux s'est installé. Il y a encore beaucoup de travail à accomplir et nous devons rester vigilantes et résoudre les inégalités. L'élection d'Hillary comporte en soi un avancement de taille pour les femmes", conclue-t-elle.
Malgré leur déception face à la tournure de la campagne, ces femmes si disent lucides; lucides devant les problèmes surtout économiques qui assaillent la nation présentement. Et à leur avis, la nécessité de choisir un ou une candidate qui sera en mesure de prendre le taureau par les cornes, doit primer. Même si de cœur elles sont inspirées par le discours rassembleur d’Obama, l’expérience palpable de Clinton est plus importante. Attentive à la discussion, Donna me regarde soudainement rassurée.
En sortant de la boutique j'en conclue que ces femmes voteront en faveur d’Hillary non pas parcqu’elle est une femme, mais parce qu’à leurs yeux, elle sera prête à diriger dès le premier jour. Une tendance que l’on perçoit de plus en plus à travers le pays.
Catherine Cano - Canovision
Friday, January 25, 2008
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