Depuis la victoire d’Hillary Clinton au New Hampshire, on assiste à une pléiade de mea culpa. Sondeurs, journalistes et experts s’auto-flagellent s’excusant à moitié d’avoir induit le public en erreur. Ils s’expliquent difficilement la débandade des sondages qui prédisaient une victoire imposante de Barak Obama.
Peu d’analyses se sont intéressées au rôle des médias dans cette campagne. Il faut se rappeler que quelques semaines avant Noel, les médias couronnaient Hillary Clinton. Elle menait une campagne sans grandes failles et Barak Obama semblait assommé par la machine Clinton.
Et puis, il y a eu ce fameux débat dans lequel Mme Clinton a fait sa première erreur. Questionnée sur l’intention du Gouverneur de New York de permettre aux immigrants illégaux de détenir des permis de conduire, elle a répondu d’abord qu’elle n’était pas d’accord et questionnée une seconde fois, elle a répondu le contraire. C’est vrai que nous pouvions lire dans ses yeux qu’elle calculait, littéralement, l’impact de sa réponse à cette question épineuse aux États-Unis. Elle se révélait la politicienne prête à toutes les réponses pour conserver l’appui de groupes d’intérêt.
Dès la fin du débat, elle était crucifiée sur la place publique par les médias. On la disait dorénavant vulnérable et moins incontournable. Un moment crucial pour la campagne d’Obama qui a sauté sur l’occasion. Hillary Clinton venait de donner une arme importante à son principal rival qui s’est donc empressé de la libeller de « vendue » aux intérêts politiques du moment. S’insurgeant contre le manque de transparence qui a tant caractérisé les six dernières années, Obama n’a pas hésité à dire qu’Hillary Clinton représentait l’ancienne façon de faire de la politique, qu’elle était ni plus ni moins, la continuité de Georges W. Bush. Les médias ont propagé le message sans contre- vérifier les allégations portées par Obama contre Clinton.
Ce n’est donc pas une surprise si les résultats des sondages, jusqu’à maintenant très favorables à Mme Clinton, ont soudainement commencé de signaler une chute de sa popularité. Plus les jours avançaient vers les Caucus de l’Iowa, plus les médias parlaient favorablement du message d’Obama. Et plus les médias portaient leurs analyses sur la lutte serrée que nous nous apprêtions à voir en Iowa, plus les sondages reflétaient cette nouvelle tendance, confirmant ainsi la presse dans son analyse. Un effet bien pervers.
L’erreur des médias a été de trop interpréter les résultats de l’Iowa. Oui, le désir de changement était et est réel, oui un mouvement important provenant de la base a pris naissance, mais Hillary Clinton était loin d’être finie. Il était absolument incroyable d’entendre les reportages et les analyses tous médias confondus, faire la nécrologie de sa campagne. Tout a été disséqué. On l'a dépeinte comme la grande perdante et on l’a filmée sous tous les angles désavantageux possibles. L’expérience n’avait plus la cote. On ne véhiculait que le mot changement encore et encore sans contre-vérifier la feuille de route d’Obama, complètement exclu de toute analyse de fond. Et surprise, les sondages ont commencé à péricliter pour Hillary Clinton.
Mais les électeurs du New Hampshire, qui n’aiment pas se faire dicter pour qui voter, n’ont pas été dupes. La victoire d’Hillary est le résultat d’un bon travail de terrain, de sa candeur à dévoiler ses émotions et de l’efficacité du message centré sur son expérience. Mais cette victoire est aussi le résultat de la couverture des médias. L’intense négativisme de cette couverture a été perçu, particulièrement par l’électorat féminin, comme de l’acharnement. Et pour plusieurs, cette élection a pris une tournure personnelle. Les femmes se sont reconnues dans la bataille d’Hillary et les attaques injustes. Et soudainement elles ont sympathisé.
Si les sondages ont été erronés, c’est que les médias les ont déjoués et Hillary Clinton ne peut que les en remercier.
Catherine C
Thursday, January 10, 2008
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