Une partisane d’Hillary me disait qu’elle ne comprend tout simplement pas comment tant de gens peuvent détester Hillary Clinton. « C’est un sentiment très fort que de détester quelqu’un. On ne déteste pas beaucoup de monde en général. Je ne m’explique pas comment une personne puisse la détester tant que ça sans vraiment la connaître. »
C’est une bonne question. Mais tout le monde connaît Hillary et peut identifier qui elle est. On la dit froide et calculée, préférant la confrontation à la discussion, qui n’est pas inclusive et qui joue parfaitement bien le jeu politique de Washington. Bref, le contraire de Bill, son charismatique mari.
Alors, est-ce que les Américains la connaissent mal ? Et si oui, qui est-elle vraiment ?
L’image que l’on a d’elle n’est pas totalement fausse. Ce qu’elle projette est un reflet certainement de sa personnalité. Et, à un moment donné ou à un autre de sa vie, elle a été toutes ces choses que l’on dit d’elle. Le personnel de la Maison Blanche au temps de l’administration de Bill Clinton, n’hésite pas à dire qu’on l’a craignait. Il semble qu’elle a plus d’une fois imposé ses points de vues, qu’elle se soit mêlée directement de décisions politiques, qu’elle ait « fortement » encouragé Bill à choisir des adjoints et même des membres de cabinet. Un article du mois dernier dans le magazine Newsweek écrit que Bill a même parfois accepté ses demandes pour se faire pardonner ses infidélités. Une révélation, si elle est vraie, qui m’a beaucoup troublée et qui en dit long sur la nature de leurs ambitions.
Hillary est donc ambitieuse oui, et après ? Est-ce un si grand tort ? C’est une femme d’une grande intelligence et oui, elle a refusé d’être la conjointe passive à laquelle les Américains avaient été habitués avec Barbara Bush par exemple.
Sur le plan personnel, Hillary est aussi une femme chaleureuse et a un rire communicatif. Elle regarde dans les yeux et discute avec vous jusqu’au moment où un de ses adjoints lui supplie de continuer sa route.
Sur le plan professionnel, elle a réussi à convaincre plusieurs électeurs indépendants et certains Républicains de la choisir comme Sénatrice démocrate, pas juste une fois, mais deux fois. Pendant ses années au Sénat, elle a travaillé sur plusieurs projets de loi avec des collègues républicains. Elle a une vision claire de l’avenir des États-Unis et elle prévoit déjà entreprendre une tournée internationale au lendemain de son élection afin de repositionner rapidement l’approche du pays en matière de politique étrangère.
La vraie Hillary Clinton est beaucoup plus attrayante que le portrait que l’on en fait. On l’a vu au débat de samedi soir lorsqu’elle a montré son côté humain en disant sur un ton enjoué que cela lui brisait le cœur de voir que les Américains ne l’aimaient pas autant que son rival Barak Obama.
Le problème de sa campagne c’est que l'emphase de la stratégie a été mise sur son mari, Bill Clinton. Il est présent depuis le début et bien qu’aimé par la majorité, il fait ombrage à sa femme. Il rappelle sans cesse les succès de son administration des années 90. C’est vrai qu’il a remis l’économie américaine sur pied, mais ça, c’est le passé. Les électeurs veulent savoir comment Hillary va sortir le pays de son plus gros bourbier économique. Et en ce qui les concerne, c’est Bill qui était Président en 1992, pas Hillary. De fait, revenir en arrière n’a qu’un effet négatif pour elle, parce que la population garde en souvenir l’échec de la réforme de la santé dont elle a été responsable. Mais pire encore, Bill Clinton fait des discours sur l’état du pays en donnant ses opinions, ses perspectives. Il a récemment contredit la position d’Hillary sur l’Iraq en déclarant qu’il n’aurait jamais voté en faveur de l’utilisation de la force. Et puis, en montrant jour après jour son charme et ses qualités de leadership, Bill Clinton ne fait que souligner encore davantage le contraste entre lui et Hillary. Hillary n’est pas Bill Clinton, mais elle a d’autres qualités. Des amis et des conseillers très proches du couple vont jusqu’à dire qu’elle est plus intelligente que lui.
Il est donc le temps que Bill cesse de faire ombrage à sa femme, et pour Hillary, il est temps qu'elle reprenne toute la scène. Après toutes ces années de sacrifices et d’attentes dans les coulisses, elle a bien le droit de revendiquer sa place dans l’histoire.
Catherine C
Monday, January 7, 2008
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